Coup de théâtre de ce début 2025 : Bref revient pour une 2e saison plus ambitieuse, plus travaillée et en partenariat avec Disney. Un retour surprenamment réussi, qui bâtie admirablement sur les fondations de la web-série culte !
Une génération de millenials ne le sait peut-être pas, mais « Bref » n’est pas qu’une expression. C’est avant tout un phénomène signé Kyan Khojandi et Bruno Muschio diffusé chez Canal+ de 2011 à 2012, et qui s’affirmait comme un manifeste universel de la vie d’un trentenaire paumé au niveau sentimental et professionnel. Bref, c’est le quotidien du monsieur tout le monde, en 80 épisodes de 2-3 minutes centrés sur divers éléments universels (le coup de foudre, la drague, la collocation, le premier job, la première rupture, la procrastination..).
Bref : 12 ans plus tard
Un fleuron de l’artisanat de la web-série en un sens qui préfigurait déjà de TikTok et ayant émergé en plein boom des réseaux sociaux. Quel ne fut pas la surprise lorsque pas plus tard qu’au début du mois on apprenait que toute l’équipe revenait pour un Bref Saison 2. Exit Canal, et bienvenue au partenariat avec Disney qui allonge les billets pour ce retour à la fois familier et (surtout) rafraîchissant !
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Exit les vignettes brèves de quelques minutes, ce sont 6 épisodes de 30-40 min qui composent Bref 2, alors que nous retrouvons le narrateur joué par le toujours dégarni Kyan Khojandi. Finie la crise de la trentaine, bienvenue à celle de la quarantaine avec son lot de similitudes et de singularités. Un équilibre qui résume parfaitement ce format plus long, dopée par une narration beaucoup plus élaborée à laquelle s’entremêlent divers écarts situationnels (comme pour la saison 1 en somme).
Introspection qui tape juste
On aurait donc pu avoir peur d’un produit plus consensuel perdant de sa substantifique moelle (à l’image de Kaamelott ou du Visiteur du Futur). Pourtant tout ce qui faisait le charme de Bref se retrouve à nouveau ici, notamment dans ses savoureuses ruptures de ton, son casting de guests extrêmement bien pensé (dont les clins d’œil à Serge le Mytho et Bloqués) et ses incartades surréalistes.
Mieux encore : en décuplant son format, Bref parvient désormais à mieux inter-connecter les embranchements de son scénario pour mieux explorer son propos existentiel. Une crise de la quarantaine qui a beau avoir ses spécificités (dont l’hilarant segment sur l’Académie des Oncles qui risque de détenir la palme du sketch le plus drôle de 2025), mais qui là encore touche à une certaine universalité de la vie d’adulte qui n’est pas sans rappeler la veine british de Fleabag ou After Life.
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Le choix de relations, le temps qui passe, les dynamiques familiales complexes, le rapport à l’ex, le monde du travail, le deuil… Bref 2 poursuit ce qui était précédemment touché du doigt et y amène une surprenante charge émotionnelle. On pense notamment à l’épisode 3 et sa catharsis en lien avec la figure paternelle : on s’attendait au rire, pas nécessairement aux larmes !
Maturité compliquée
Une preuve de maturité décuplée qui a sans doute à voir avec la maturation globale d’une décennie d’idées accouchées sur le papier, mais surtout du vécu de l’équipe qui a grandi en même temps que nous. Une dimension adulte résolument assumée dans une seconde partie qui parlera à quiconque a déjà entretenu une relation amoureuse, et qui nous intime à prendre soin du véhicule » avant qu’il ne soit trop tard.
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Et outre une écriture toujours juste et régulièrement fine, Bref peut aussi compter sur ses interprètes (dont les nouveaux comme l’excellente Laura Felpin), un Kyan Khojandi qui porte à nouveau son rôle à merveille, mais aussi une fabrication redoublant d’efforts de mise en scène. Une créativité globale de chaque instant qui peut parfois faire preuve de démonstration de force (à l’image de cette lutte contre le cancer évoquant Starship Troopers), mais lorsqu’on se retrouve avec un tel travail pour une série française, on ne peut qu’applaudir.
Bref 2 est disponible sur Disney+
avis
Bref 2 fait partie de ces surprises que l'on ne voit pas venir. Un retour en grande forme autant dans l'écriture que dans la fabrication ou interprétation, pour ce qui se présente comme une chronique aussi hilarante que touchante sur les circonvolutions de la vie adulte. Du rire intelligemment orchestré qui navigue à merveille entre chaque sous-couche narrative pour un aussi bon résultat, on en redemande tous les jours !