Et si le petit benjamin de la famille venait vous réclamer du sang chaud pour son petit déjeuner ? Vous feriez quoi vous ? Réalisé par Brad Anderson et scénarisé par Will Honley, Blood fait une petite relecture du mythe du vampire avec une approche plutôt réaliste, dérangeante et fantastique.
Blood débute après la rupture du mariage de Jess (Michelle Monaghan), qui ramène ses deux enfants dans la maison de son enfance. Leur vie bascule rapidement lorsque le chien de la famille mord le petit garçon à la carotide. Alors que l’enfant tombe gravement malade, la morale de Jess sera mise à rude épreuve lorsqu’elle découvre comment maintenir son fils en vie…
Comme l’indique le titre de l’œuvre, Blood est un film rempli d’hémoglobine sans jamais virer dans le trop too much, le grandiloquent ou le craca. De fait, le film prend une allure plausible et réaliste, renforçant un certain côté dérangeant, non pour nous déplaire. On se retrouve alors confronté à quelques rires nerveux lorsque notre esprit ne sait pas commun interpréter – ou en tout cas réagir – face à la demande d’un bout de choux assoiffé de sang chaud.
Malgré un concept assez osé, on note néanmoins quelques petits bémols scénaristiques ayant un impact sur le rythme du métrage. Le film se place majoritairement du point de vue de la mère de famille – ce permet au spectateur de s’identifier – mais on aurait aimé passer un peu plus de temps aux côtés de l’enfant.
Trust the process
Son jeune comédien, Finlay Wojtak-Hissong, est très talentueux et crédible, d’autant plus que Blood n’est pas un film extrêmement bavard. C’est un film qui se fait confiance et lie le scénario à la très bonne réalisation de Brad Anderson, laissant la plupart du temps vivre les regards des acteurs plutôt qu’un dialogue classique, jouant de ses notions de silence et de non-dits, d’autres thèmes qui font intégralement partie de l’histoire des personnages et du film.
L’autre faiblesse scénaristique demeure dans son thème global, à savoir de mettre en scène une mère prête à tout pour sauver son fils. Là où le film réussit à renouveler un peu avec le genre, c’est de lier le passif toxicomane de la mère de famille à l’addiction vitale au sang de son enfant. Celle-ci devient complice de ce à quoi le vampirisme renvoie et questionne à plusieurs degrés de lecture la morale de l’héroïne tragique.
Ce parallèle permet de créer des visuels perturbants et dérangeants d’un jeune garçon se délectant d’abord des poches de sang à vide, puis des transfusions sanguines d’une mère à son fils et plus encore à mesure que le récit avance… Une manière des plus originales de faire une relecture de l’allaitement.
Graphiquement, Blood est un très joli film. On distingue les effets plastique des lentilles anamorphiques avec de légères déformations bords cadre ou encore quelques jolis flares qui composent l’image. La photographie épouse la noirceur du scénario, avec un rendu crépusculaire et plusieurs photogrammes jouant du clair-obscure. Enfin, la caméra elle aussi donne une impression de vie, par des procédés plus classiques mais logiques et efficaces (caméra épaule dans le monde extérieur qui s’oppose à des plans sur pied dans la maison familiale).
Blood est plutôt une bonne surprise. On apprécie sa réalisation soignée et son casting irréprochable. On devine néanmoins une légère faiblesse sur l’écriture globale et il faudra un léger temps de gestation pour acquérir les bonnes clés de lecture. Blood reste un bon divertissement horrifique et une bonne surprise.
Blood est actuellement en compétition au Festival de Gérardmer.
AVIS
Blood est un bon divertissement horrifique et un film de vampire plutôt efficace. Malgré quelques lacunes scénaristiques qui impactent le rythme du métrage, la réalisation permet de passer un moment plutôt agréable et mémorable.