Black Adam ajoute une nouvelle carte au portefeuille déjà bien garni de Dwayne Johnson. Mais ne paraît jamais exister au-delà de cette juteuse opération financière.
Black Adam arrive en sauveur au beau milieu d’un univers cinématographique DC en lambeaux. Après l’annulation pure et simple d’une certaine Batgirl et la promotion compliquée entourant The Flash, l’arrivée de Dwayne Johnson au beau milieu de cette terre ravagée assurait au studio un succès quasi-certain, tant l’homme, devenu l’acteur le mieux payé au monde, est aussi devenu l’un des plus appréciés du public en s’étant bâti un succès pharaonique derrière nombre de franchises très rentables. Après Voyage au centre de la terre, Fast and Furious, Jumanji et dernièrement Red Notice, l’ancien catcheur gravit encore une marche en ayant dorénavant sa propre franchise super-héroïque. Malheureusement, c’est pour nous délivrer un énième produit dénué du moindre intérêt, construit à la gloire toute entière de son acteur, ici définitivement transfiguré en simple marque.
Adam longues
Black Adam est ainsi moins un projet propre à l’univers DC, en perpétuelle quête d’une identité qui se fait de plus en plus foutraque (il y a un monde entre les tons de Shazam!, et The Batman), qu’un énième projet étiqueté par le label The Rock. Mis en scène par Jaume Collet-Serra, qui délaisse ici sa muse d’antan Liam Neeson depuis Jungle Cruise pour se mettre au service de sa nouvelle poule aux œufs d’or, Black Adam annonce ainsi son acteur comme un messie, sauveur d’un peuple aux abois réduit en esclavage. Si la noirceur infinie de ce super-héros tourmenté qui a mis ses pouvoir divins au service de la vengeance pouvait ainsi être une alléchante proposition, le casting de Dwayne Johnson dans le rôle était déjà porteur d’une marque de totale trahison au matériau d’origine.
Malgré des pouvoirs impressionnants et un costume-design épuré mais réussi, l’acteur-producteur-businessman change certes de décor et de genre, mais ne peut s’empêcher d’emmener avec lui les quelques motifs inhérents à sa filmographie et à son personnage public. Black Adam peut ainsi se voir comme une perpétuelle et épuisante quête de sabotage de tout ce qu’il propose. D’une Justice Society ici réduite à de simples serviteurs d’un scénario d’un vide abyssal, on y préférera une énième histoire de famille brisée dont l’acteur se verra une fois de plus consacré en père protecteur.
Blackout
On ne s’attache ainsi jamais à personne autour de toute cette machinerie dénuée de substance, alimentant jusqu’à la déraison le numéro d’un acteur qui n’a hélas ici rien de plus à proposer que sa formule habituelle. Les sourcils froncés, le ton faussement glacial et désincarné, l’acteur se confronte ainsi directement à celui auquel on ne devrait plus du tout le comparer, un certain Arnold Schwarzenegger. Si ce dernier avait ainsi pu offrir son charisme aux plus grands metteurs en scène, Dwayne Johnson ne paraît ici que comme une éternelle coquille vide, vampirisant chaque projet pour en délivrer la même tambouille sans goût.
Black Adam ne laisse ainsi en souvenir qu’une immense parenthèse de vide, trop lisse pour susciter la moindre émotion, et bien trop formatée pour délivrer le moindre plaisir. Tel un aimant, Dwayne Johnson semble ainsi absorber toute substance autour de lui, du talent, certes discutable, du metteur en scène de genre des efficaces La Maison de Cire et Esther, aux présences de personnages emblématiques d’un univers super-héroïque ici offert en pâture à un acteur qui rêve juste d’une énième démonstration de force. Si certains pouvaient ainsi attendre une quelconque surprise, surtout d’une scène post-générique annoncée rien qu’à elle seule d’un immense intérêt, cette dernière n’est qu’une preuve supplémentaire du leadership d’un acteur qui profite de son pouvoir pour des raisons purement mercantiles.
Black Adam est sorti le 19 octobre 2022.
Avis
Black Adam ne mérite le détour que pour admirer le nouveau produit d'un acteur vampirisant un énième projet à son unique gloire. Il n'existe ainsi rien qu'une démonstration de force épuisante de vacuité qui saborde tout, de l'univers super-héroïque estampillé DC, à la moindre tentative d'exister au-delà du numéro en pilote automatique d'une star au sommet de sa gloire. Une éreintante parenthèse de vide, où Dwayne Johnson fronce (mal) des sourcils.
2 commentaires
Merci pour cette critique qui m’a été très utile pour dissuader mes amis d’aller le voir, on a pu choisir un autre film
Merci à vous d’avoir lu ma critique ! Et si en plus elle vous a été utile, c’est toujours un plaisir de rendre service !