La saison 4 de Barry vient de se terminer sur HBO, et nous aura proposé un ride exceptionnel, qui se conclue de la meilleure façon possible. Un classique, déjà.
Emprisonné, Barry essaye de faire ce qu’il peut pour préparer son évasion alors que la vie le rattrape inexorablement. S’il est de certaines séries où le spoil est impardonnable, cette saison 4 de Barry en est l’exemple criant. Ainsi, on taira les nombreux dénouements de l’intrigue principale du show de Bill Hader diffusé sur HBO et Prime Video (via le pass Warner), encore une fois incroyable, tant derrière que devant la caméra de cette série absolument fantastique, à la fin parfaite.
Entièrement réalisée par Bill Hader, lequel est toujours secondé par son collègue Alec Berg dans la production et l’écriture de cette saison 4, la série Barry aura su se transformer pour notre plus grand plaisir. Une versatilité narrative et visuelle inouïe, dont peu de productions télévisuelles peuvent se vanter. Si l’aspect méta et humoristique du projet est gentiment mis de côté, on sombre alors dans un drame poignant, parfaitement mis en valeur par une mise en scène hallucinante d’académisme. Une grande série on vous dit.
Essai transformé
Depuis le début, Barry n’aura eu de cesse de nous proposer une série en pleine évolution, comme un miroir de son protagoniste. Plein de doutes, le tueur à gages se sera essayé au théâtre et à l’amour sans finalement pouvoir tirer un trait sur sa profession macabre. Dès lors, la série opère des virages narratifs pour accentuer cette plongée dans la psyché de son héros, froid et désabusé.
D’une première saison pleine d’humour noir et de situations rocambolesques et de personnages aussi caricaturaux que hauts en couleurs, le show tendra ensuite inexorablement vers la perte de ses blagues pour devenir un thriller halletant et extrêmement sombre. Si la photographie est également de plus en plus désaturée, il en va de même pour la mise en scène, plus appliquée, plus figée, pour caler parfaitement avec un ton dépourvu de moindres blagues dans ces ultimes épisodes. Alors forcément, l’humour iconoclaste demeure via d’infimes touches, mais la série se dégage totalement de son postulat granguignolesque pour proposer un drame shakespearien dépressif et fascinant.
Une transformation opérée tout en douceur, sans appuyer sur les poncifs du genre ou alerter le spectateur d’un changement scénaristique en profondeur, quitte à laisser vague une ellipse de dix années en plein milieu de saison pour retourner toutes nos attentes. Tout se fait naturellement pour finalement se dévoiler comme un dénouement immuable, inévitable. Les séquences d’actions sont toujours magnifiquement mises en scène tandis que la violence psychologique subie par les personnages en plein bouleversement intérieurs est plus que jamais omniprésente, bien secondée par une absence criante de musique. Il ne reste plus que les respirations et la fatalité de ces destinées condamnées.
L’occasion pour le casting, Bill Hader et le génial Anthony Carrigan, de sortir des sentiers battus pour approfondir et explorer toute latitude de leur jeu et donner libre cours à la dimension tragiques de ces anti-héros désabusés et traumatisés par la vie, mais bien contrastée de fulgurances humoristiques toujours aussi délicieuses malgré leur rareté. De même, en dépit de l’aspect dépressif du show, Barry n’oublie pas de s’offrir un aspect meta, cette fois par rapport à la toute-puissance hollywoodienne, dans une conclusion parfaitement surréaliste à propos de l’avarice humaine face au star system.
En conclusion, Barry fait partie de ces séries qui n’auront jamais eu peur d’explorer d’intéressantes et obscures perspectives, quitte à transformer toute sa forme et son fond pour cadrer avec malice aux évolutions des protagonistes désabusés. Un classique moderne, une réussite exemplaire.
La saison 4 de Barry est disponible sur HBO et Amazon.
Avis
Bill Hader et Alec Berg prouvent encore une fois que la série Barry est une réussite totale en parvenant à transformer de fond en comble le ton et la forme du show dans une conclusion magistrale. Du grand art, ni plus ni moins.