Quentin Dupieux est un trublion explosif du cinéma burlesque. Il ne se laisse pas dicter ses choix par de quelconques impératifs et fait montre d’une filmographie qui parvient toujours à nous surprendre. Avec Au Poste !, il imagine un huit clos au sein d’un poste de police où Benoit Poelvoorde et Grégoire Ludig se jugent et se jaugent. Le tout au coeur d’une manipulation onirique du temps et d’un running gage à base de « C’est pour ça ». Forcément, ça détonne !
La jubilation des mots. La langue française avait manqué à Dupieux. Il y revient au fil d’une comédie verbeuse mais jamais ennuyeuse. Comme dans un bon boulevard, mais en mieux, les mots savoureux fusent et chaque échange dialogué dégage ce plaisir que l’on prend devant une pique savamment enchevêtrée. La mécanique théâtrale est assumé à plein régime dès le départ, ce qui permet au spectateur de ne pas non plus se sentir trop largué tout du long.
Un pur numéro d’acteurs. Oui, Dupieux joue toujours avec plaisir de la manipulation des réalités de ses personnages. À ce titre, la gestion des flash-backs est prodigieuse. Mais ce que l’on retient de Au Poste ! vient surtout de ses brillants acteurs : le duo Peolvoorde-Ludig est destiné à rester dans l’Histoire. Son alchimie explosive ne se départit jamais d’un parfait équilibre, numéro de haute voltige comique comme on en voit peu.