Andor, passée inaperçue à ses débuts, est aujourd’hui présentée comme la meilleure série Star Wars. Et cela s’avère tout à fait justifié.
Personne n’attendait vraiment Andor. Il faut dire qu’au milieu de propositions autour de personnages connus et adorés (et recyclés jusqu’au dégoût) comme Boba Fett, Obi-Wan Kenobi où encore Ahsoka, on ne donnait pas cher de Cassian Andor, rebelle double et manipulateur, sacrifié dans l’efficace Rogue One : A Star Wars Story. Pourtant, Tony Gilroy, scénariste acclamé pour son travail sur la trilogie Jason Bourne (moins pour La Grande Muraille) vient offrir un écrin salutaire à une saga à bout de souffle. En proposant la première déclinaison ouvertement plus adulte de l’univers initié par George Lucas, Tony Gilroy redonne à Star Wars ses lettres de noblesse en ne retenant que le meilleur.
Sobriété et efficacité
Andor s’avère ainsi être une excellente surprise, qui prend le temps de poser ses enjeux. Beaucoup ont ainsi reproché aux premiers épisodes leur sécheresse et leur minimalisme, permettant cependant de nous présenter une galaxie que l’on n’avait plus observée ainsi depuis bien longtemps. On retrouve ainsi Cassian Andor dans une introduction convoquant directement Blade Runner, où dans une ville noyée sous les néons et la pluie battante, en arpentant des lieux bien peu recommandables, un meurtre sera commis d’une façon aussi sèche qu’expéditive. Parce que notre héros n’en est pas vraiment un, passant son temps à fuir et à mentir pour nul autre cause que sa propre survie.
On est ainsi loin des intouchables figurines gardées tels des conservateurs de musées par Lucasfilms, offrant à la pelle des produits calibrés et pensés pour le fan-service. Parce qu’on trouve dans Andor une véritable portée politique d’une saga qui regarde enfin un peu plus loin que la destinée d’une seule et même famille pour prendre le pouls d’une population asservie par un Empire de plus en plus destructeur. Du portrait d’une dictature qui s’intensifie, et de celui d’une rébellion ne survivant que comme de simples pièces rapportées d’un engrenage qui les dépasse, Andor paraît ainsi comme un film d’espionnage dont Tony Gilroy sait habilement tirer les ficelles.
Empire au meilleur
Au-delà de cette tension qui se distille au fur et à mesure des épisodes, on trouve dans Andor des personnages foutrement bien écrits, où la galaxie ne se voit plus simplement divisée entre le camp du bien et celui du mal. Tous agents doubles au sein de leurs propres vies, on trouve ainsi chez la sénatrice Mon Mothma (Genevieve O’Reilly) et le toujours excellent Stellan Skarsgård (à qui la science-fiction sied drôlement bien, après Dune) de belles performances, et de superbes révélations, comme Star Wars savait nous en proposer avant de recycler toujours les mêmes acteurs, tels que Denise Gough, impériale en superviseure Dedra Meero.
Moins minimaliste et se refusant à tout fan-service facile comme The Mandalorian, Andor marque la première vraie réussite de la saga Star Wars passée sous le giron Disney. Parce que lorsque la saga s’affranchit de ses figures éternelles pour proposer quelques chose de neuf, cela peut donner des surprises aussi notables qu’Andor. Des personnages forts, charismatiques, sacrifiés dans la tempête d’une histoire qui au fur et à mesure de ses évolutions, convoquant à la fois le film de braquage, d’évasion et d’espionnage, nous montre qu’elle en a toujours plus sous le capot, fait espérer du meilleur avant une énième itération mercantile. Avec Andor, Star Wars se réveille ainsi de la plus belle des manières.
Andor est disponible sur Disney+.
Avis
Andor est la série Star Wars que personne n'attendait vraiment. Et pourtant, la proposition de Tony Gilroy réveille d'une manière sobre et et inattendue une saga qui se reposait sur ses glorieux lauriers d'antan. Sur tous les terrains, du thriller d'espionnage au film de casse et d'évasion, Andor dissimule derrière sa sécheresse tout ce que la saga n'avait osé explorer. Pour un réveil salutaire et salvateur.