Amélie et la métaphysique des tubes adapte le roman éponyme d’Amélie Nothomb en film d’animation. Présenté au Festival de Cannes et d’Annecy, ce récit autobiographique à la facture visuelle chatoyante est une indéniable réussite !
L’univers autobiographique d’Amélie Nothomb a conquis les espaces littéraires depuis une bonne trentaine déjà, mais aucun de ses livres n’avait eu le droit à la case « adaptation en animation ». C’est aujourd’hui le cas avec Amélie et la Métaphysique des tubes, adaptant son roman éponyme sorti en 2000.
Amélie et la métaphysique des tubes : autobiographie surréaliste
Dans ce récit puisant sa source auprès de ses souvenirs d’enfance, Amélie conte de manière humoristique son vécu les trois premières années de sa vie dans les années 70. Un épisode majeur pour elle en tant que jeune fille belge expatriée au Japon avec sa famille ! L’occasion d’une réflexion existentielle sur le monde qui l’entoure, au même moment où elle se liera à Nishio-san, la servante japonaise voisine.

Amélie et la métaphysique des tubes tire évidemment la force de son ton, directement lié à la plume de son autrice initiale. Récit à la première personne, l’héroïne courte sur pattes évolue ainsi dans un monde vu à travers ses yeux et un point de vue s’auto-qualifiant de « tube digestif végétatif » dont les activités sont dédiées à tous ses besoins primaires.
Animation pastel de toute beauté
Et il fallait bien une animation pastel du plus bel effet (et la réalisation hyperesthésique de Maïlys Vallade et Liane-Cho Han) afin de mieux représenter le comique de situation constant qui émane de cette réalité magique perçue par le personnage. Amélie et la métaphysique des tubes fait donc d’une quotidienneté banale de pures expériences sensorielles et surréalistes.
Un simple bain, une excursion pour une baignade ou une partie d’arrosage deviennent ainsi de vrais moments de cinéma via une animation colorée de toute beauté. Mention spéciale à cette séquence de pluie à la mélancolie douce, ou l’évocation cinégénique d’un tremblement de terre au sein d’un plan centré sur une salade riz !

Car malgré son aspect mignonnet, Amélie et la métaphysique des tubes laisse peu à peu entrer des réflexions plus amples à mesure que la jeune enfant évolue (et quelle est en contact avec les adultes de la maison). D’un portrait de famille humoristique, le flux de pensée ira chatouiller une réflexion sur Dieu et la vie, tandis que la trame va aller sur le terrain de l’émotion via la relation trans-culturelle partagée avec la servante complice.
Plasticité cognitive de l’enfance
Une sororité néanmoins contrariée par la présence austère de Madame Kashima-san, encore traumatisée par la guerre et ne voyant pas d’un bon œil ce lien oriento-occidental. Une manière pour Amélie et la métaphysique des tubes d’épouser le regard adulte de son autrice, via une pensée réflexive sur le processus complexe de la construction identitaire.

Bref, des thématiques universelles concernant chaque tranche d’âge, en particulier les plus jeunes. Capable d’aborder l’importance des souvenirs, et notre capacité humaine à guérir des blessures les plus profondes, le tout dans un écrin visuel impressionniste de toute beauté..pour un récit drôle à hauteur d’enfant : chapeau bas, une belle bonne pioche !
Amélie et la métaphysique des tubes sortira au cinéma le 25 juin 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici et du Festival d’Annecy ici.
avis
Avec Amélie et la métaphysique des tubes, le roman autobiographique d'Amélie Nothomb s'incarne dans un écrin visuel de toute beauté, où les teintes pastel et l'animation donnent vie à un réalisme magique centré sur la construction de notre personnalité lors de la petite enfance. C'est beau et bon comme du chocolat blanc !