Le voilà donc enfin, ce Alita : Battle Angel. À la source, il y a un manga intitulé Gunnm, œuvre d’une grande profondeur spirituelle et possédant une propension à être marqué par la déviance.
La rencontre de cet univers avec James Cameron est inévitable. Le cinéaste travaille à son adaptation depuis près de 20 ans et se prépare à en faire son nouveau bébé. Robert Rodriguez, roublard un coup sur deux, lui vient en renfort, non sans avoir élagué au passage une bonne partie de son ambitieux scénario. La résultante de cette aventure est, hors d’une promo ratée, un divertissement qui profite au mieux de cet échange.
Est-ce une bonne nouvelle? Pas nécessairement, si il nous tient à cœur de retrouver l’essence grinçante de l’oeuvre d’origine. Oui, Alita est un divertissement taillé sur mesure pour le grand écran (et sa bonne 3D). Aucune surprise réelle ne s’immisce dans le programme, si ce n’est celle d’éviter la catastrophe tant redoutée. Le bavardage grippe parfois le plaisir de l’aventure, et l’ensemble souffre quelque peu de sa position de premier opus, position confirmée par ses dernières minutes un peu précipitées.
Alita, l’ange de la bataille?
L’attention, pourtant, est tenue en éveil. Rodriguez peut à ce titre remercier James Cameron. Le génie canadien lui lègue sa science de la narration, de l’elliptique et des personnages, en plus d’androïdes charismatiques et d’une mise en scène par instant virtuose. Parfois bavard mais narré avec rythme, Alita bat une mesure entraînante allant droit à l’essentiel, sans sacrifier à une intéressante caractérisation de ses protagonistes. Ceux-ci ne conservent que la carapace de la création d’origine, tout en restant vivants et palpables.
Catalyseur du récit, Alita est une réussite absolue sur un plan purement technique. Elle est à la fois la pointe technologique de son temps et la preuve qu’une création numérique fait fi de toute «Uncanny Valley». En épousant sa candeur et son sens de l’aventure, le film évite l’écueil de la dystopie lugubre et terne qui parasite tant de productions du genre. Sa foi naïve, ses grands yeux expressifs et son esprit de guerrière en font une héroïne dans la droite lignée «Cameronienne», à la force et la fragilité mêlées.
Dans le haut du panier du divertissement
Enfin, saluons le point d’orgue de ce divertissement de haute volée : ses morceaux de bravoure. En quelques mouvements d’appareils fluides et un montage parfois virtuose, Alita délivre des séquences d’action d’une ampleur que l’on croyait disparue. Lors de la séquence du Motorball final, de dantesques flash-backs sur la Lune ou d’une délirante baston en plein bar, le film fait quinze bonds au-dessus du tout-venant avec une énergie vorace.
Oubliez donc la promo, préparez-vous à une heureuse adaptation et surtout… lisez le manga par lequel tout a commencé !