65 : La Terre d’Avant, mis en scène par le duo de scénaristes derrière Sans un bruit, avait tout pour nous faire saliver. Mais même en se payant Adam Driver, rien n’est à la hauteur.
65 : La Terre d’Avant avait tout du survival alléchant, censé offrir une cure de jouvence a des dinosaures bien mal en point après l’affreux Jurassic World : Le Monde d’après. Produit ni plus ni moins que par Sam Raimi, porté par le génial Adam Driver et mis en scène et scénarisé par Scott Beck et Bryan Woods, à qui l’on doit Sans un bruit, tout sur le papier respirait le projet solide, et la promesse d’un plaisir non dissimulé de voir un acteur de renom quitter les terres du cinéma d’auteur pour se frotter à un plaisir total de science-fiction. Mais voilà, si Sans un bruit avait su séduire la critique et le public, s’étendant en suites et préquels, ce 65 : La Terre d’Avant semble à sa manière mettre aussi tout le monde d’accord.
Au box-office américain, le constat est sans appel : de son budget de 90 millions de dollars, en 7 jours, le film de Scott Beck et Bryan Woods n’atteint que 22 petits millions de dollars, n’ayant réussi à faire frémir les mastodontes Scream 6 et Creed 3. Et niveau critique, c’est là aussi sans appel : tout le monde s’accorde à dire que 65 : La Terre d’Avant est une immense déception, de Rotten Tomatoes aux critiques françaises et américaines. Serait-ce donc ici l’occasion de tirer, une fois de trop, sur l’ambulance, où de tenter de trouver quelques qualités à un projet déjà destiné à s’effacer dans les limbes ?
DiNo signal
65 : La Terre d’Avant semble ainsi annoncer dès son introduction tous ses plus gros problèmes. D’un pitch très simple, à savoir le crash d’un pilote (Adam Driver) sur la planète Terre il y a 65 millions d’années, et d’une galerie de personnages réduite au strict minimum (un père, une mère, leur fille et une survivante), Scott Beck et Bryan Woods alourdissent déjà inutilement le vaisseau. Si le crash ne s’avère pas aussi jouissif qu’une catastrophe comme Moonfall, c’est parce que le duo de réalisateurs se revendique volontiers plus de Christopher Nolan et son Interstellar que de Roland Emmerich. Des vidéos envoyées par une fille lointaine viennent ainsi très maladroitement tenter d’apporter un peu d’âme à un projet qui s’en trouve complètement dénué.
Salvatore Totino à la photographie, délivre ainsi un produit sans une once d’identité, à la hauteur de son travail sur Da Vinci Code et Anges et Démons. Adam Driver, en père meurtri, fait bien ce qu’il peut face à la jeune Ariana Greenblatt, avec qui aucune alchimie ne se crée jamais vraiment. Et pour ce qui est de la promesse initiale, à savoir des dinosaures, à part un final en mode tyrannosaure-porn, dont le plaisir se trouve rapidement attrapé par le stupidité du scénario, il y a finalement trop peu à se mettre sous la dent. Même au cœur d’une grotte, où l’ambiance anxiogène aurait pu suffire à faire naître une quelconque tension, Scott Beck et Bryan Woods semblent éviter de filmer de trop près une créature mystérieuse et terrifiante, alors que c’était tout ce qu’ils avaient à réussir pour apporter une quelconque satisfaction.
DiNo identity
Dans 65 : La Terre d’Avant, si l’époque semble lointaine, le temps lui, paraît infiniment long. Si le travail en tant que scénaristes du duo sur Sans un bruit proposait un survival horrifique redoutablement efficace, la terre des dinosaures ne leur inspire rien de neuf qu’une quête sans surprises, entre rencontres expédiées avec des vélociraptors, les incontournables sables-mouvants et une obsession, bien pratique scénaristiquement, pour les geysers. On comprend ainsi rapidement les grosses ficelles d’un récit, qui lui non plus, n’a désespérément rien à offrir de neuf où d’un tant soi peu efficace. Loin de la catastrophe, 65 : La Terre d’Avant n’est ainsi qu’une immense parenthèse de vide.
On espère ainsi retrouver rapidement Adam Driver entouré de grands metteurs en scènes, après ces deux incartades dans une carrière non moins impressionnante que furent House of Gucci et ce 65 : La Terre d’Avant, avant le Ferrari de Michael Mann et Megalopolis de Francis Ford Coppola (excusez du peu). Pour Scott Beck et Bryan Woods, la mise en scène n’est définitivement pas une bonne voie, et s’éloigner de Sans un bruit est peut-être encore trop tôt. Et pour les dinosaures, il serait définitivement temps de les laisser tranquilles.
65 : La Terre d’Avant est actuellement au cinéma.
Avis
65 : La Terre d'Avant ne tient aucune de ses promesses, sans jamais vraiment affirmer une quelconque identité. Il ne reste ainsi rien de ce survival paresseux et rachitique, tant en terme de scénario que de tension, qu'une coquille vide, fade et affreusement terne, à laquelle Adam Driver tente, en vain, d'apporter une once d'âme. Il serait temps de laisser les dinosaures tranquilles.