Le 21 mars dernier, l’auteur-compositeur, chanteur et accordéoniste italo-français, Giuliano Gabriele, s’est produit sur la scène du Studio de l’ermitage. Un concert à l’énergie revitalisante porté par les sonorités du Sud de l’Italie.
Artiste en vogue de la scène World Music italienne, Giuliano Gabriele a sorti le 23 février dernier son troisième album, BASTA!. On revient sur son concert de lancement au Studio de l’ermitage en compagnie de ses cinq musiciens : Laurence Cocchiara, Eduardo Vessella, Carmine Scialla, Gianfranco De Lisi et Riccardo Bianchi.
Une ambiance de velours rouge
Dans la salle du Studio de l’ermitage – scène musicale parisienne privilégiant une programmation axée sur le Jazz et les Musiques du Monde – l’ambiance est intimiste et rouge carmin. Dans l’attente des musiciens, les spectateurs sirotent paisiblement leur verre, accoudés au comptoir en bois du bar, ou assis à des tables disposées sur les balcons. Au-dessus d’une scène placée à une cinquantaine de centimètre du sol sont suspendues huit lampes aux ampoules rougeoyantes. Elles éclairent les instruments disséminés ça et là aux pieds des pupitres – batterie, violon, accordéons, basse, tambourins, bouzouki (instrument de la musique grecque contemporaine) – et d’étranges masques fabriqués à partir de matériaux de récupération.
Et puis brusquement, passé 20h30, la lumière se tamise et une musique classique retentit depuis les enceintes. Les musiciens entrent sur scène et s’installent, avant de se saisir des masques et d’en recouvrir leurs visages. Ils disparaissent alors sous les traits singuliers de ces curieux individus colorés, laissant seul Giuliano Gabriele à visage découvert.
Basta!
Pas le temps d’attendre, le violon et le bouzouki font sonner les premières notes de “Basta!”, single en ouverture de l’album éponyme. Se joint le tambourin d’Eduardo Vessella d’où s’échappe une poudre blanche à chaque frappement. Ses pieds nus foulent le sol, il ressent la moindre pulsation de la musique et déjà, le rythme est lancé. Le concert happe immédiatement le public, et Giuliano Gabriele se mêle à la danse en prononçant les premières paroles de sa voix de ténor : “Mani in pasta vivida, / scivola scivola, / tossica è la nuvola, / basta basta basta!” (“Mains dans la pâte vivante, / glisse glisse, / toxique est le nuage, / basta basta basta !”).
Comme un élan donné aux autres chansons, “Basta!” est un titre qui aborde de façon nébuleuse les différents sujets présents dans l’album. Les mots se répètent, ritournelle infinie qui nous entraîne avec elle sur la rythmique de la Pizzicia, une danse traditionnelle du Sud de l’Italie faisant partie de la grande famille de la tarentelle. Les corps se mettent à bouger, sur ces paroles qui reflètent une douleur née de l’état du monde, des actions néfastes de l’être humain envers son prochain, envers cette terre que l’on ne sait plus aimer.
Alors on danse
Les chansons de Giuliano Gabriele ont cette particularité de nous faire danser sur des sujets graves, des textes poétiques alarmistes. Il nous crie “Réveillez-vous ! Hors des choses, hors des excuses, hors des miracles”, il nous murmure “Mais comment vous dire ? en silence s’il vous plaît”. Et entre ces constats, entre ces alarmes qu’il fait sonner à nos oreilles, il nous demande de sauter, de bouger, il nous répète “il faut danser maintenant, il faut danser”, parce que maintenant, “ou on crève, ou on danse”, alors on danse.
Passée la sixième chanson, le public se prend au jeu et danse la tarentelle. Les barrières tombent, les spectateurs rient, sourient et les musiciens mènent la cadence. Ils s’échangent des regards complices, la musique monte crescendo, les passages instrumentaux sont entraînants. On se lâche est une énergie libératrice traverse le public, jusqu’à l’ultime morceau, celui où les artistes descendent de scène pour se mêler à l’auditoire. En cercle, ils jouent au milieu du parterre, et pendant quelques minutes, on oublie que l’on est dans une salle en plein cœur de Paris. La magie opère, place au Sud de l’Italie !
Giuliano Gabriele et son groupe ont livré un concert qui nous rend vivant, un live en pleine nuit puisque “la nuit on danse, on danse, on danse…on se défonce à fond”.
L’album Basta! de Giuliano Gabriele est sorti le 23 février sur les différentes plateformes et en CD.
Quatre autres dates sont pour l’instant annoncées :
03/04/2024 – Atlantic Music Expo au Cap Vert
22/06/2024 – Czech Music Crossroads Ostrava République tchèque
03/08/2024 – Heuvelland (89) Folkfestival Dranouter Belgique
08 et 09/11/2024 – Firminy (42) France
Avis
Giuliano Gabriele a livré avec son groupe un magnifique concert au Studio de l'ermitage. Une plongée dans le Sud de l'Italie à travers des chansons portées par des textes poétiques parlant des ravages du monde actuel. Une musique entrainante, fondée sur les rythmiques de la tarentelle, qui ne donne envie que d'une seule chose : danser !