De plus en plus en vue dans le monde occidental suite aux Enfants loups Ame & Yuki et au Garçon et la Bête, le cinéaste Mamoru Hosoda fait figure à juste titre de grand maître de l’animation japonaise contemporaine. Avec Belle, il signe l’une de ses œuvres les plus abouties visuellement.
Suzu, une adolescente complexée, est une chanteuse mondialement célèbre sur une application de réalité virtuelle appelée U sous l’avatar de Belle. C’est dans ce monde qu’elle fait la rencontre de la Bête, un être détesté et pourchassé par des milices aux motivations douteuses.
Virtuosité visuelle
Tout d’abord on doit parler de l’image. Hosoda est un maître dans l’utilisation de techniques hybrides pour donner vie à ces univers. Il enchaîne les tours de force visuels par son sens aigu de la composition et ses images colorées et vivantes. À certains moments, il livre des séquences d’une beauté sidérante. On pense en particulier au dernier dernier acte du récit où, sans spoiler, il réalise l’une des plus belles séquences d’animation de ces dernières années. Un morceau d’anthologie tout en lumière et fourmillement de détails.
Du fait de l’existence de deux mondes, le réel et le virtuel, il approche leur esthétique différemment. Dans le premier, on retrouve un style d’animation visuel assez traditionnel, c’est le monde réel dans lequel Suzu est complexée, timide et triste suite au décès de sa mère. Dans le second, le monde virtuel, il se montre plus exubérant et se laisse porter par son imagination débordante, incarnant par ce biais le sentiment de liberté ressenti par Suzu.
Un scénario trop bancal
Hélas, un film n’est pas qu’images et Hosoda pêche plus dans les maladresses de son scénario. Sa plateforme virtuelle U souffre d’un manque de nuances et la combinaison hybride entre un univers à la Ready Player One et le scénario de la Belle et la Bête se révèle tortueux. C’est à la fois un mélange entre un conte et un film teenage, mais la sauce ne semble pas vouloir prendre. Le résultat fait qu’on n’est jamais surpris par la tournure des événements et on enchaîne les séquences avec un sentiment de déjà-vu amer.
S’il est bien connu que la critique est subjective, cela s’applique d’autant plus dans ce cas. En tant qu’adulte, le film souffre d’un niveau de lecture pas assez conséquent pour être pertinent alors qu’un enfant se retrouvera probablement facilement transporté par l’histoire. Un autre point purement subjectif – sans rapport avec l’histoire – c’est le style de musique. Loin d’être mauvaise, il faut bien admettre que cela nous parle pas et qu’il est donc difficile de se sentir porté par celles-ci.
Finalement on sort de la salle avec un sentiment mitigé malgré un final dantesque et époustouflant visuellement qui rattrape une partie de la frustration générée pendant le visionnage du film.
2 commentaires
Bonjour,
C’est drôle parce que j’ai eu une impression complètement inverse.
Si je trouve la plastique des scènes en 2D particulièrement réussie, le monde virtuel m’est apparu complètement loupé avec une technique digne des jeux vidéos d’il y a 10-15 ans, très peu de décors et une animation loupée.
Sans forcément atteindre les sommets américains d’un Pixar, on aurait pu s’attendre à quelque chose de plus travaillé.
Au contraire de la plastique de la partie 3D du film, j’ai trouvé le scénario particulièrement maitrisé et émouvant. C’est clairement celui-ci qui sauve le film du naufrage visuel.
Bonjour, merci pour ton retour ! En effet, on a eu le ressenti inverse. Je suis d’accord que la 3D n’atteint pas les sommets d’un Pixar, mais à mon sens elle est plus créative et plus riche visuellement, même si on peut ne pas apprécier le parti pris. Par contre au niveau du scénario, je suis vraiment passé à côté de l’émotion, c’était beaucoup trop convenu et prévisible. Mais bon comme pour tous les films, la subjectivité est de mise !