Pedro Almodóvar est un grand habitué du Festival De Cannes. Pour autant, il n’est jamais reparti avec la palme sous les bras… Mais ça c’était avant Douleur et gloire ?
Malgré quelques erreurs de parcours tels que les Amants passagers, le cinéaste espagnol aligne une série d’œuvres magnifiques, que ce soit au début de sa carrière ou plus récemment. Avec Douleur et gloire, il renoue avec la grandeur émotionnelle de Parle avec elle ou de Volver.
Une vie de désirs et de souffrances.
Le film est marqué par les souvenirs d’un réalisateur à succès – sorte d’alter égo d’Almodóvar – interprété par l’incroyable Antonio Banderas. On a affaire à une véritable introspection à l’heure où les douleurs physiques et mentales liées à la vieillesse ont pris le relais sur l’innocence de la jeunesse. Comme dirait un scribe très célèbre : « la vie, c’est avant tout des rencontres » et c’est à travers elle que le metteur en scène fait un portrait sensible et émouvant d’un homme tourmenté.
La patte Almodóvar.
Grand maître du mélodrame, le cinéaste évite tous les écueils associés au genre. Aucun pathos, aucune scène dont le seul but est de faire pleurer, il montre qu’on peut émouvoir sans forcer en s’entourant d’acteurs talentueux et en les filmant avec délicatesse. C’est peut-être à cela qu’on reconnaît le plus facilement le style d’Almodóvar qui, tel que Douglas Sirk avant lui, a toujours réussi à rendre subtils les grands drames humains.
De ce fait, on ne serait pas étonné de le voir repartir avec la récompense suprême. Néanmoins, face à l’emballement médiatique et les critiques dithyrambiques, il s’agirait d’abord de visionner le reste de la compétition…