D’apparence, les Éternels de Jia Zhang-ke (A Touch of Sin, Au-delà des montagnes) avait tout pour ressembler à un film de gangster, mais c’était mal connaître le cinéaste. De cette histoire sur la femme d’un parrain local, il fait le portrait d’une Chine en pleine mutation à l’aube des années 2000 et part vers des horizons quasi-métaphysiques.
Une réflexion sur le passage du temps. La patte du réalisateur est omniprésente par ses thématiques : on retrouve cette obsession pour l’évolution de nos sentiments comme dans Au-delà des montagnes qui faisait le récit d’une histoire d’amour à trois époques différentes. Il porte un regard mélancolique sur la condition humaine et en particulier sur les romances qui ne semblent jamais durer éternellement dans ses films.
Mise en scène éclatante. Du côté de la réalisation, le cinéaste fait une véritable démonstration et atteint ici son apogée stylistique. Entre les plans séquences invisibles afin d’obtenir la plus grande pureté émotive de ses acteurs, sans oublier sa façon de faire durer les dialogues, de pousser les situations jusqu’à leur extrême limite… Il y a une maîtrise toute particulière du temps aussi bien dans le fond que dans la forme qui force tout bonnement l’admiration.