Dès le deuxième jour, on évoquait ici le côté particulièrement pervers d’un manque de sommeil. Six jours et une intense vie cannoise plus tard, on en arrive à engager une véritable lutte contre un corps décidé à rendre aveugle à toute projection. Les effets secondaires d’un tel traitement gagneront avec l’aide de The Assassin, long de Hou Hsiao-Hsien et défi festivalier hardcore, une nouvelle dimension.
On ne va pas remettre en cause la splendeur esthétique ni la conception froide et extrêmement lente de ce film d’arts martiaux auteurisant. Mais tout concourt à ce stade de la compétition à plonger le festivalier dans un sommeil d’une profondeur à la fois abyssale et légère qui annihile tout effort, toute résistance.
Résultat? Une première étape sous forme de rêve éveillé où l’on se surprend à réinventer le récit. Une deuxième de noir profond, bercé par les sons de la nature et troublé par les coups de sabre. Une dernière où, enfin réveillé, on se retrouve incapable de comprendre quoique ce soit au sous-texte politique. Voilà qui aura suffit à écrire ce papier mais pas à lui octroyer la palme.
The Assassin sort le 9 mars 2016, après sa présentation en sélection officielle à Cannes.