Réalisé entre Pusher I et l’urgence financière de Pusher II, Bleeder est tout ce pour quoi Nicolas Winding Refn a été remarqué à la racine même de son cinéma. Soit une captation vive et alerte de l’horreur quotidienne, de sa banalité malsaine, de son grotesque routinier.
Dans Bleeder, c’est dans l’intimité d’un homme révulsé d’être futur père, de son beau-frère le dominant et d’un pote fondu de cinéma en recherche d’ailleurs, que le film de Nicolas Winding Refn s’immisce et fait des ravages.
Et c’est finalement dans cet impact foudroyant d’un portrait humain inquiet que Refn s’est toujours montré le plus pertinent, loin de ses velléités oedipiennes bardées de néons thaïlandais. Maladroit, gorgé de références et tirant parfois sur la corde du glauque le plus improbable (twist final tétanisant mais peu subtil à la clé), le film n’en agit pas moins comme un uppercut terrassant dont on met plusieurs minutes à se remettre. Nicolas Winding Refn a déclaré s’être inspiré du roman de Hubert Selby, Jr. Last Exit to Brooklyn, mais aussi du cinéaste Wong Kar-wai, réalisateur chinois, notamment à travers son film Chungking Express.
Et comme il est traversé d’angoisses personnelles, d’un questionnement sur la violence plutôt mature et qu’il ferme sur une forme d’apaisement bienvenue, Bleeder mérite bien une révision au sein d’une filmographie si riche en promesses tenues.
Fiche technique
Réalisation : Nicolas Winding Refn
Scénario : Nicolas Winding Refn
Casting : Kim Bodnia, Mads Mikkelsen, Zlatko Burić, Rikke Louise Andersson
Date de sortie : 6 août 1999 (Norvège), 26 octobre 2016 (France)
Synopsis : Dans la banlieue de Copenhague, Léo et Louise vivent dans un appartement misérable. Si Louise est une femme casanière, Léo sort souvent avec ses amis dont Lenny avec qui il travaille dans le vidéoclub dirigé par Kitjo. Lorsque Louise apprend à son fiancé qu’elle est enceinte, celui-ci change de comportement en se montrant de plus en plus distant et agressif.

