Les parallèles est l’histoire drôle et tendre d’une rencontre entre deux êtres qui n’ont, à priori, rien en commun.
Les parallèles nous ouvre les portes d’une comédie romantique pleine de simplicité et de fraîcheur. Et ça tombe bien, nous n’en avions pas encore vues lors de cette édition du Festival OFF ! Il y a bien Félix Radu qui nous a joliment parlé d’amour dans Rose et Massimo, mais d’une manière mêlant le classique au contemporain.
C’est sur un palier qu’ils se rencontrent. Hormis cet ami qui organise une pendaison de crémaillère derrière la porte de l’appartement à laquelle ils s’apprêtent à frapper, ils n’ont absolument rien en commun. Enfin, c’est ce qu’ils croient… Mais ils ne passeront jamais le pas de cette porte et auront toute la soirée pour découvrir que l’improbable peut parfois réserver de jolies surprises. Pour notre plus grand plaisir.
Quand la différence rapproche…
Lui s’est forcé à aller à cette soirée. Elle a fini par se décider à y passer en coup de vent avant de retrouver Viking, son match Tinder. Le destin était déjà de leur côté. Lui, c’est un anxieux. Avec sa chemise bien boutonnée jusqu’en haut et enfermée dans son pantalon, il se retrouve en pleine crise d’angoisse alors qu’il est sur le point de sonner à la porte. Tout ce monde, ces trajectoires de vie différentes… c’est trop pour lui.
Alors, quand Elle arrive, elle tente de l’aider à maîtriser son stress avec des techniques de visualisation auxquelles elle est habituée. Mais puisqu’aucun d’eux n’a vraiment envie d’ouvrir cette porte, ils vont très naturellement donner à cette soirée une autre direction. Et s’ils ne sont d’abord pas du tout dans la séduction, on sourit à mesure que l’on voit petit à petit s’entremêler des fils qui, l’air de rien, pourraient déjà tisser le début d’une relation.
Le récit universel d’une rencontre
Deux êtres que tout oppose dont les chemins vont se croiser et qui vont, sans suspens aucun, s’attacher l’un à l’autre… Rien d’original dans cette histoire, ni dans sa mise en scène d’ailleurs, c’est un fait. Mais cela ne nous empêche pas le moins du monde de passer un très bon moment en compagnie de ces deux personnages drôles, attachants, et surtout si proches de la réalité.
En effet, c’est la force du texte d’Alexandre Oppecini : resserrer une histoire d’amour sur le moment si riche et marquant de la rencontre, en disant et en montrant les choses telles qu’elles sont. Mettre en scène ce qui compose ce moment sans chercher à le rendre plus beau, plus romantique, plus romanesque qu’il ne l’est. Une rencontre dans toute ses maladresses, ses questionnements, ses craintes, ses doutes.
Et la mise en scène de l’auteur est à l’image de son texte : elle va à l’essentiel, mise sur la simplicité et l’authenticité. Seuls un banc sur lesquels ils partagent un bout de nuit, et un rideau à fils derrière lequel nous les regardons danser lors d’une escapade en boîte de nuit constituent le décor. Dans les rares moments où ces deux parallèles ne sont pas réunies, nous les voyons réagir en même temps, chacun de leur côté, à la situation.
Un duo qui nous touche
Marie-Pierre Nouveau et Benjamin Wangermée sont tous les deux très justes dans leur jeu et teintent leurs personnages de jolies nuances qui nous les rendent attachants. Lui est maladivement timide, maladroit, stressé, pas séducteur pour un sou et pas spécialement séduisant d’ailleurs. Elle est une femme libérée, pétillante, qui assume ses choix et ses envies. Il est encore prisonnier de son passé, elle semble être déjà échappée dans le futur. Il veut être tout pour quelqu’un tandis qu’elle s’attache à n’être rien pour personne.
Probablement qu’ils ne se seraient pas même adressé un sourire dans la « vraie » vie. Mais ils se sont rencontrés. Et, comme cela arrive souvent, l’inattendu a alors pu surgir et des points d’intersection se dessiner sur leurs trajectoires parallèles. Car le regard qui se pose sur l’autre n’est plus tout à fait le même lorsque ses contours viennent s’enrichir d’une sensibilité, que ses névroses viennent effleurer les nôtres, que les solitudes s’apprivoisent. Et c’est aussi parfois soi-même, alors, que l’on rencontre à nouveau.
Les parallèles est une pièce pleine de vie, de rythme et de sincérité. À partir des différences flagrantes et à première vue inconciliables entre ces deux personnages, Alexandre Oppecini parvient à glisser subtilement et de manière tout à fait crédible vers ce qui pourrait les réunir… Mais est-ce la direction qu’ils décideront finalement de prendre ? Ça, ça reste à définir, à inventer…
Les parallèles, écrit et mis en scène par Alexandre Oppecini, avec Marie Pierre Nouveau & Benjamin Wangermée, se joue à La Scala Provence, du 7 au 29 juillet, à 12h15.
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Avis
La langue d'Alexandre Oppecini est parfois poétique, parfois crue, très ancrée dans le réel. Elle raconte la vie telle qu'elle est. Et cette authenticité nous permet de nous retrouver quelque part dans cette rencontre, dans cette difficulté à se lier à l'autre malgré la solitude qui rôde.