Sous le poids des plumes est une pièce chorégraphique où quatre danseurs nous plongent dans un monde onirique.
Sous le poids des plumes est la dernière création de la Compagnie Pyramid. Nous étions impatients de les retrouver depuis leur Ballet Bar qui avait été l’une de nos plus belles découvertes du OFF 2017 ! Ils faisaient donc évidemment partie des espoirs de notre sélection pour cette nouvelle édition.
Et une chose est sûre : ils n’ont rien perdu de leur énergie ni de leur talent. Un talent dont ils nous font une généreuse démonstration à travers un enchaînement de saynètes nous transportant de souvenir en souvenir…
Un feu d’artifice !
Quatre danseurs s’extraient l’un après l’autre d’une malle en bois poussiéreuse, tels des souvenirs enfouis. On le devine tout de suite : ils sont joueurs, espiègles et plein de ressources. Un peu magiciens, un peu clowns, un peu chanteurs, pas très bilingues (!), ils semblent ne faire qu’un avec la musique dont ils célèbrent chaque note.

Les chorégraphies auxquelles ils se livrent avec une énergie fougueuse sont ponctuées d’extraits sonores qui nous parlent de l’âge, des capacités du cerveau, de la mémoire. Ainsi, on saisit plus facilement le thème de cette création : les souvenirs. Des souvenirs qu’ils convoquent, dont ils se jouent, qu’ils nous racontent avec le corps. Ceux qui figent le temps, qui alourdissent ; ceux que l’on partage, que l’on encadre, ou que l’on veut garder pour soi ; ceux auxquels on s’accroche, ceux qui nous échappent…
Une fable visuelle
Le décor de bar new yorkais des années 60 de Ballet bar a cédé la place à une mise en scène plus épurée qui remet la danse au premier plan. Cette malle à souvenirs – dissimulant une trappe par laquelle les danseurs vont et viennent – et ce réverbère disposés sur un bout de scène incliné suffisent à apporter la touche de poésie nécessaire à l’ensemble.

Ils font d’un banc tout en courbes leur terrain de jeu, embrasent la scène sur des airs disco, nagent dans un océan de souvenirs… Et ils sont tour à tour épatants lorsqu’ils s’animent comme les marionnettes d’une boîte à musique ; drôles dans une chorégraphie façon Chaplin ; ou encore touchants quand l’un d’eux incarne par la danse et le corps le témoignage audio qui résonne.
Une proposition très riche
On ne voit pas le temps passer tant leur énergie est contagieuse et vivifiante. D’autant que la richesse des chorégraphies qui se renouvellent sans cesse d’un tableau à l’autre ne s’inscrit en rien au détriment de la qualité. Une qualité qui ne faiblit d’ailleurs pas au fil des créations. Et on se réjouit nous de reconnaître leur style, de retrouver cette identité artistique qui leur est propre.

Parfois drôles, parfois tendres, parfois burlesques, parfois impertinents, ils investissent chaque saynette avec le même engagement et une intensité intacte. Si bien que l’on est presque content pour eux quand ça se termine car on se dit qu’ils vont peut-être, enfin, pouvoir respirer ! En tout cas, qu’ils n’en doutent pas : la trace poétique et créatrice qu’ils laisseront n’est pas prête de s’effacer…
Sous le poids des plumes, de Fouad Kouchy, avec Yann Crayssac, Mounir Kerfah, Benjamin Midonet & Mounir Touaa, se joue à l’Espace Alya, à Avignon, du 07 au 28 juillet, à 16h20 (relâche le mardi).
Retrouvez tous nos articles consacrés au Festival Off d’Avignon ici.

Avis
Entre danse hip-hop, manipulation d'objets, théâtre corporel et jeu burlesque, ces quatre artistes nous offrent un spectacle unique en son genre, et d'une rare intensité. Une nouvelle fois, la complicité avec le public est immédiate et on en ressort conquis.