Courgette nous raconte l’histoire tendre et poétique d’un jeune garçon qui se retrouve en foyer à la suite d’un accident familial.
Courgette est l’adaptation théâtrale du roman de Gilles Paris, Autobiographie d’une courgette, qui a déjà donné lieu, en 2016, à l’excellent film d’animation césarisé de Claude Barras, Ma vie de Courgette.
C’est une histoire qui parle d’enfance, d’amour et d’espoir, même si les trois ont parfois du mal à aller ensemble. Les fontaines est un « foyer pour enfants écorchés » ou quatre orphelins vont se rencontrer, croiser leurs histoires et apprendre ensemble à se construire. Un conte adapté avec beaucoup de poésie et de fraîcheur.
Quand l’enfance vole en éclats
Icare a 9 ans mais tout le monde l’appelle Courgette, à commencer par sa maman. Enfin, elle ne l’appelle plus maintenant, de là où elle est. Finies les journées passées à boire des bières devant la télé, à lui mettre des coups ou à « recoudre le cœur des hommes avec sa langue ». C’est arrivé par accident et, depuis le drame, Icare n’a qu’un seul objectif : tuer le ciel.
Le jour de l’accident, Raymond, un policier un peu bourru qui vit seul avec son fils et écoute du Céline Dion, a pris le jeune orphelin en charge et s’est attaché à lui. Alors, il vient régulièrement lui rendre visite et tisse avec le petit garçon un lien rempli de tendresse. Aux Fontaines, il y a aussi Ahmed, Simon… et surtout il y a Camille. La douce et mystérieuse Camille qui fait battre le cœur de Courgette plus fort. L’enfance va peut-être, doucement, pouvoir reprendre sa place…
Une distribution pleine de charme
Nous avons d’abord eu un peu de mal à nous laisser séduire par le côté très ingénu du jeune Courgette, interprété par Garlan le Martelot que nous avions applaudi l’année dernière dans 65 Miles – autre adaptation de Pamela Ravassard d’ailleurs – et apparu plus récemment dans le film documentaire Notre-Dame brûle. Puis, nous l’avons laissé nous embarquer dans son histoire touchante aux côtés de ses compagnons d’aventure joués avec énergie par Florian Choquart et Lola Roskis Gingembre.
Nous sommes, en revanche, complètement tombés sous le charme de Vanessa Cailhol et de sa voix qui est un réconfort à elle seule pour les cœurs décousus. Elle incarne chacun de ses personnages avec beaucoup de talent et de sincérité, à commencer par la jeune et douce Camille qu’elle incarne avec juste ce qu’il faut de candeur. Elle nous fait rire dans la peau de Rosy, l’éducatrice un peu rétro au grand cœur, et dans celui de Mme Colette, la psychologue qui se prend un peu trop au sérieux.
« Les adultes, des fois, ça dit des trucs stupides à cause de toutes les peurs qui leur grignotent le cœur. »
Vincent Viotti est quant à lui touchant dans son rôle de père de substitution pour Courgette. Personnage lui aussi cabossé par la vie, l’affection et la tendresse qu’il éprouve à l’égard de ce petit garçon deviennent le fil rouge de l’histoire, l’espoir auquel on s’accroche au milieu de ces drames.
Un récit initiatique dynamique
L’adaptation de Pamela Ravassard et Garlan le Martelot traduit à merveille la naïveté enfantine du récit de Gilles Paris, et la mise en scène insuffle à la pièce un dynamisme enthousiasmant. La musique, très présente, devient presque un personnage à part entière de l’histoire par le rôle de transmission qu’elle joue.
Ainsi, les cinq comédien(ne)s jouent également, en live, la très belle bande-son et les bruitages qui accompagnent le récit et le rendent encore plus vivant et vibrant. Ils passent de leurs instruments à leurs personnages et de leurs personnages à leurs instruments – mais aussi d’un rôle et d’un costume à un autre – avec une efficacité et une fluidité admirables.
Cette joyeuse équipe nous plonge dans l’enfance avec ses doutes, ses drames, ses joies simples et ses questions qui fusent. Elle nous offre des moments tendres et poétiques, d’autres plus cocasses, et quelques tableaux très drôles comme les virées à bord de la voiture de Raymond (où l’on s’attendait d’ailleurs à entendre résonner la voix de Céline Dion) ou le mémorable cours de ski !
Tout est bien qui finit un peu trop bien pour être vrai, mais qu’importe. Sans doute qu’il nous faut au moins garder cela de l’enfance, cette capacité à espérer sans limite.
Courgette, d’après le roman de Gilles Paris « Autobiographie d’une Courgette », avec Vanessa Cailhol, Florian Choquart, Garlan Le Martelot, Lola Roskis Gingembre & Vincent Viotti, mise en scène Pamela Ravassard, se joue du 07 au 30 juillet, à 10h au Théâtre des Béliers (relâche le mardi).
[UPDATE 2023] Se joue du 07 au 29 juillet, à 10h, au Théâtre du Girasole au Festival OFF d’Avignon.
Retrouvez tous nos articles consacrés au Festival Off d’Avignon ici.
Avis
Après son adaptation au cinéma, le roman contemporain de Gilles Paris s'offre une bien jolie existence sur les planches. Il y a de la lumière, de la musique, de la vie dans cette mise en scène virevoltante. Courgette nous charme en nous racontant son histoire, et nous livre un beau message d'amour et de résilience.