Et c’est un sentiment qu’il faut déjà que nous combattions je crois s’attaque au mythe contemporain médiatique de la banlieue.
Et c’est un sentiment qu’il faut déjà que nous combattions je crois déconstruit le mythe de la banlieue tel qu’il est véhiculé par les médias. En effet, entre fiction et documentaire, cette mise en abyme efficace et passionnante analyse les ressorts des techniques médiatiques pour façonner une vision du monde dans lequel nous vivons. Encore une belle surprise dans ce Festival OFF.
« Qu’est-ce que ça fait quand on parle mal du lieu de vie des gens ? Quand on parle mal des gens ? Sans prendre soin de ce qu’ils sont, intimement ? »
Du fait divers au fait de société
Ainsi, à mi-chemin entre la pièce de théâtre et le documentaire, cette création très contemporaine explore les conditions de construction de l’information. Pour autant, la Compagnie Légendes Urbaines n’a pas ici la volonté de nous donner des leçons ni de polémiquer. En effet, son intention est de dévoiler l’envers du décor du traitement de l’information par les médias. Comme une invitation à devenir des spectateurs plus éclairés, plus conscients.
Conscients des innombrables ressorts de manipulation à l’œuvre, tant dans le discours, dans l’image, que dans l’angle de traitement d’un sujet. Conscients de tout ce que les images ne racontent pas ; des pré-supposés implicites dans les questions ou même les intonations de voix des journalistes. Et conscients aussi de la manière dont les médias construisent un mythe pour figer ce qui deviendra ensuite la représentation collective et populaire de ce qui n’était à la base qu’un fait.
Une scénographie habile
Un dispositif scénique mobile et redoutablement efficace nous permet de passer d’un plateau de télévision à une salle de montage ; d’une conférence de rédaction de JT à un reportage sur le terrain ; ou encore de nous immerger dans des images de reportages et autres documents d’archives. Et c’est avec beaucoup de rythme et une fluidité admirable que la scène se transforme sans cesse sous nos yeux. C’est vivant, dynamique, parfois drôle et plein de réalisme.
Oui, cette pièce est d’une intelligence et d’une audace folles ! Et l’on est captivé d’un bout à l’autre, tant par le contenu et la mise en scène que par l’énergie des 6 comédiens qui portent le projet avec brio. L’humour est également présent et subtilement amené. Un humour souvent grinçant et percutant, comme lors de la présentation caricaturale d’un JT par un journaliste employant tout le lexique des clichés liés à la banlieue !
Douce France…
C’est aussi un regard humain que posent les comédiens/journalistes sur les habitants de ces « quartiers chauds », de ces « zones de non droit », de ces « ghettos ». Notamment à travers les scènes d’ouverture et de fin qui encadrent de façon sensible et pertinente cette incursion au cœur du mythe de la banlieue. Deux moments forts qui disent tout, et viennent bousculer nos émotions. Et qui remettent aussi de la perspective dans une vision de la réalité étriquée et figée par les médias.
La banlieue, lieu de violences et d’émeutes ; lieu de vie et d’histoires individuelles ; lieu de tout un tas d’autres choses aussi, qui échappent bien souvent à la caméra. « Peut-on parler à la place des autres ? » La question est posée à plusieurs reprises dans le spectacle. Et on sent bien qu’entre « ce qui devrait » et « ce qui est », il y a là aussi encore tout un monde à parcourir… Du théâtre documentaire utile.
Et c’est un sentiment qu’il faut déjà que nous combattions je crois, par la Compagnie Légendes Urbaines, mis en scène par David Farjon, avec Samuel Cahu, Magali Chovet, David Farjon, Sylvain Fontimpe, Ydire Saïdi & Paule Schwoererse, se joue au Théâtre 11.Avignon, à Avignon, du 07 au 29 juillet à 18h40. Relâche les lundis.
Puis en tournée en région parisienne à partir de septembre 2021.
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