Lorsque le plus européen des réalisateurs américains touche à l’immigration au pays de l’Oncle Sam, le Festival de Cannes s’embrase, et nous avec. Il faut dire que The Immigrant représente la quintessence du cinéma de James Gray.
Dans The Immigrant, on retrouve les thèmes de prédilections de James Gray : l’idée de choix et la prédominance de la famille. Une plongée au cœur des rues sordides du New York de 1921.
À l’image de son dernier plan exemplaire, le réalisateur montre toujours autant de maîtrise dans la mise en scène. Aidé d’un ton sépia renforçant l’atmosphère de l’époque, il sait jouer sur les espaces confinés pour donner ce sentiment d’enfermement qui poursuit son héroïne. Marion Cotillard prouve qu’elle a les capacités d’une grande actrice, chaperonnée par un Joaquin Phoenix exceptionnel comme à son habitude. Jeremy Renner apporte le dernier coup de pinceau au tableau.
C’est pourtant cette perfection qui rend le film si imparfait. Touchant à un sujet inspiré de son propre passé, le si discret James Gray semble ne pas vouloir se laisser submerger par ses sentiments personnels. Une retenue qui se ressent à travers The Immigrant, laissant un arrière-goût de froideur. On ne parvient pas à ressentir la moindre émotion, constat fatal pour un mélodrame.
Fiche technique
Réalisation : James Gray
Avec : Marion Cotillard, Joaquin Phoenix, Jeremy Renner
Date de sortie : 27 novembre 2013
Synopsis : 1921. Ewa et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour la terre promise, New York. Arrivées à Ellis Island, Magda, atteinte de tuberculose, est placée en quarantaine. Ewa, seule et désemparée, tombe dans les filets de Bruno, un souteneur sans scrupules. Pour sauver sa sœur, elle est prête à tous les sacrifices et se livre, résignée, à la prostitution. L’arrivée d’Orlando, illusionniste et cousin de Bruno, lui redonne confiance et l’espoir de jours meilleurs. Mais c’est sans compter sur la jalousie de Bruno…