Somerville est le tout premier jeu du studio Jumpship, créé par Dino Patti (ex-créateur du studio Playdead). Désormais disponible sur Xbox et PC, cette aventure de science-fiction déçoit autant qu’elle fascine.
Somerville titillait la curiosité de la personne qui écrit actuellement ses lignes. Après un premier trailer enigmatique (mais alléchant) en 2017, il aura fallu attendre 5 ans pour que ce jeu indé voit enfin le jour. Développé par le nouveau studio de Dino Patti, on était en droit de s’attendre à une réussite aussi éclatante que les brillants Limbo et Inside de son précédent studio Playdead.
Car finalement, Somerville reprend grosso modo le même cocktail que ses deux parents spirituels : une aventure à la troisième personne par défilement horizontal, une narration purement visuelle sans aucune ligne de dialogue, un gameplay rudimentaire avec 2-3 boutons d’action spécifiques, une durée de vie sommaire (il faudra environ 3h30 pour en voir le bout) et un contexte à l’ambiance singulière.
Light in the skies
Somerville débute donc de nos jours, lorsqu’une famille rentre à la maison en pleine campagne. Alors que tout le monde s’endort devant la TV, de gigantesques obélisques noirs perforent le ciel dans un maelstrom de lumière : une invasion alien est en train d’avoir lieu ! Suite au crash d’un soldat humain (mais porteur d’une combinaison technologiquement avancée) dans la demeure, le père tombe inconscient. Lors de son réveil au petit matin, sa femme et son fils ont disparu, et il se découvre le pouvoir de manipuler de la matière extra-terrestre. Avec son chien, il va donc partir à la recherche de sa famille.
Le joueur contrôle donc le père à la troisième personne, dans un environnement linéaire en 2,5D avec divers situations de type « puzzle » encours de route. Les séquences n’auront rien de particulièrement novatrices pour les adeptes de ce type de jeu : esquive d’aliens (représentés par de grands faisceaux de lumière ou bien des sortes de hyène-lézard), activation de mécanismes, déplacements d’objets et manipulation de matière extra-terrestre.
Gameplay simple mais perfectible
Cette dernière composante représente sans doute la part plus importante du gameplay : lorsque notre personnage est en contact avec une source lumineuse (lampes, écrans, fumigènes…), nous pouvons liquéfier cette fameuse matière (via le pouvoir bleu obtenu en début de jeu), la solidifier (via le pouvoir rouge obtenu à mi-parcours) ou bien la repousser (via l’ultime pouvoir violet). Ainsi, cela nous permettra d’avancer face à divers obstacles et quelques énigmes, comme par exemple liquéfier de la matière au plafond pour faire monter le niveau hydrique (et ainsi gagner en hauteur), avant de le solidifier pour accéder à la suite du niveau.
Des petites idées éparses et relativement bien trouvées ponctuent le cheminement, mais qui se révèlent bien trop rares malheureusement, en plus de rester dans les clous. Ce qui nous amène au principal problème du jeu : son game design ! Via une esthétique minimaliste, les éléments du décor avec lesquels nous pouvons interagir sont représentés par la couleur orange (une poignée de porte, une lampe, un levier). Cependant, divers objets sortent de ce code couleur, et couplé à une distance d’affichage souvent trop éloignée (on va rapidement marteler la touche A à tout bout de champ pour trouver l’élément en question), le gameplay qui se veut finalement très simple nous pénalise parfois via un aspect peu intuitif.
Il faudra aussi se coltiner une maniabilité un tantinet balourde par dessus le marché, mais qui n’est finalement pas handicapante dans le sens où Somerville n’est pas un jeu de plate-forme, et ne requiert aucun réflexe particulier (même lors de 2-3 séquences de fuite étant poursuivi par une patrouille alien). Même si le game design global n’a rien de profondément singulier (là encore un Inside arrivait à renouveler ses séquences à chaque fois), c’est bien l’ambiance accrocheuse qui drive réellement la progression !
Une ambiance réussie
C’était déjà le cas lors des premiers trailers, et c’est encore le cas en y jouant : Somerville bénéficie d’un vrai soin en terme de design sonore, de direction artistique et d’ambiance. Le début du jeu est à ce titre le passage donnant l’impression la plus frappante : outre ces visions de gigantesques obélisques transperçant le ciel et frappant le sol dans des lumières violacées, c’est la peinture d’une campagne rapidement désolée et d’infrastructures à l’abandon (dont une aire de camping fouettée par les vents qui sans est le passage le plus impressionnant) associée au silence ambiant qui offre des relents de Guerre des Mondes avec un soupçon d’Heart of Darkness bien digérés.
On regrettera sans doute que la suite du programme soit plus classique (avec une large portion on l’on évolue dans des grottes et autres souterrains moins sexy), avant d’offrir un certain regain d’intérêt lorsqu’on découvre le dernier pouvoir, et qu’intervient une dernière ligne droite où la perception du héros est troublée. On aurait cependant aimé plus d’audace et de mindfuck vu les prémices ultra alléchantes du contexte ! La rejouabilité n’est pas de mise non plus, à part pour trouver diverses collectibles/sphères alien n’ayant aucune incidence sur les fins possibles du jeu.
Somerville : une chouette friandise manquant de sucre
Car oui, Somerville a 5 fins différentes (dont 2 qui ont le même effet), avec un épilogue spécifique associé. Toutes accessibles lors du dernier chapitre, on obtient donc les traditionnels good ending (nécessitant une petite gymnastique codée à la Rencontres du Troisième Type) et bad endings, ainsi que deux fins plus neutres. Des conclusions qui restent là encore plutôt dans les codes du genre science-fictionnels, mais qui ont le mérite d’être cohérentes.
Somerville est disponible sur Xbox Series X et PC via le Gamepass, Steam et l’Epic Games Store depuis le 15 novembre 2022
avis
Somerville est une petite déception si on en attendait un jeu dans la pure lignée de ses parents spirituels. Non-dénué de charme ou d'intérêt, ni trop simple ni trop pénalisante, cette trame de 3h30 bénéficie avant tout d'une ambiance accrocheuse et d'un style visuel réussi tout droit hérité de la Guerre des Mondes et de Rencontres du 3e type.
Malgré tout, cela reste bien trop peu pour pallier aux défauts du jeu,à commencer par un gameplay des plus classiques se renouvelant peu, et d'un game design perfectible manquant parfois d'intuitivité.
Somerville est donc à réserver aux curieux, en attendant le prochain chef-d’œuvre de Playdead.
- Histoire
- Gameplay
- Game design
- Graphismes
- Son
- Durée de vie