Atom Eve est l’héroïne du premier jeu dérivé de la licence Invincible. Un privilège en demi-teinte au vu de la qualité relative du soft.

Invincible presents Atome Eve insère son intrigue au tout début de la série diffusée sur Amazon Prime. Nous retrouvons Eve et ses amis super-héros de la Teen Team, le lycée et les super-méchants comme les frères Mauler. Très axé tranche de vie et roman graphique, ce jeu nous en apprend plus sur la famille d’Eve, ses origines et surtout, ses histoires de cœur. Les combats au tour par tour inspirés des mécaniques RPG de jeux mobiles ne sont là que pour tonifier l’ensemble. Parce que ce petit jeu du studio Terrible Posture n’a qu’un seul but, être un produit dérivé qui donne envie de découvrir la licence (notre critique de la série).

Dissonance cognitive

Invincible presents Atom Eve calque son scénario sur les thèmes principaux de la série. Eve et ses comparses ont du mal avec l’école et vivent tous des histoires de cœur déchirantes. Ce jeu propose ainsi pléthore de choix multiples en ce sens. Au final, les principaux dilemmes ne seront pas de sauver telle ou telle personne, mais de choisir entre se mettre en couple avec Rex ou Mark, ou bien de rester célibataire. D’autres sujets importants de l’oeuvre sont abordés via les protagonistes, comme l’importance de l’empathie et de la compassion. Mais aussi, une certaine critique des stéréotypes de genres et du fameux « patriarcat », comme le dit lui-même un antagoniste sénile. Et c’est là que cet opus mène un double discours très déroutant.

D’un côté, Invincible presents Atom Eve veut briser certains stéréotypes. Mais, de l’autre, il en est bourré. Dans son intégralité, il puise dans les poncifs des jeux ciblant un public féminin. En d’autres termes, la narration niaise est poussée à l’extrême par des formulations bateau. Ainsi en va-t-il aussi du gameplay. S’il reprend les attaques phares de la super-héroïne, il se montre atrocement vide et facile. Les prochaines attaques des ennemis étant annoncées et répétitives à souhait, il devient particulièrement aisé d’établir une stratégie. De fait, quand le filon est trouvé, Eve peut retirer plus de 400 points de vie à un ennemi alors qu’elle n’en a plus que 6 (#vécu). Et comme tout jeu de rôle moyen, Invincible presents Atom Eve dispose d’un arbre de compétences. Protagoniste féminine oblige, nous choisirons entre un profil « compassion », « création » ou « émotion »…

Plaisir coupable

Le jeu reste néanmoins sympathique par sa petite intrigue. Une extraterrestre vient piller la centrale électrique de la ville pour sauver son peuple. Là, le titre s’aventure en terrains agréables. Les choix multiples jouent souvent sur la compassion ou l’entente, rarement usitées dans des softs plus classiques. Ajoutons-y des effusions de sang gores ainsi que des retournements de situation et le titre adopte un rythme soutenu. Ses maigres trois/quatre heures de vie s’enfilent alors en une ou deux sessions. Repartir en New Game + avec quelques bonus s’avère très intéressant puisque nous pourrons y découvrir de nouveaux éléments sur le passé des personnages. S’y replonger signifie aussi prendre le risque de déceler de nouvelles incohérences dans la chronologie des événements. Hélas, comme tout produit dérivé, Invincible presents Atom Eve prend des libertés avec les faits originaux, jusqu’à créer des contresens.

Heureusement, son enveloppe graphique et sonore renoue avec son matériau originel, le comics. Les cinématiques se déroulent sous forme de cases de bande-dessinée au découpage ultra-dynamique et aux couleurs particulièrement vives. Tandis que lors des phases de jeu comme de dialogues, les personnages et décors sont toujours dessinés avec minutie. La bande-son vient alors relever chacune des phases de jeu. Les cinématiques s’offrent quelques chansons et les scènes de tranche-de-vie sont rythmées par des petites mélodies subtiles. L’univers n’a donc plus rien à envier à la série et la surpasse même souvent.

Imparfait

Invincible presents Atom Eve remplit son rôle de produit dérivé. Il se comprend bien sans rien connaitre à ce comics, tout en apportant de nouveaux éléments pour qui est habitué de l’univers. Il apparait ainsi fort dommage que son gameplay si rudimentaire fasse plus jeu mobile que PC. Mais surtout, que ses propos progressistes soient contredits par un fatras de mécaniques de jeu attribuées à un public spécifiquement féminin.