Le célèbre Hideo Kojima, auteur à la fois idolâtré et incompris, nous aspire dans son nouvel univers nommé Death Stranding. Mais face à ce nouvel opus on se demande : ne s’est-il pas égaré en chemin ?
3 ans. Il aura fallu un peu plus de trois ans pour qu’on puisse enfin mettre la main sur le nouvel OVNI de M.Kojima. En adoptant une stratégie marketing aux antipodes d’une communication plus traditionnelle, Death Stranding a su rapidement susciter la curiosité d’un nombre incalculable de joueurs (et de journalistes).
Désormais disponible dans le monde entier, nous t’avouerons que nous étions à la fois excités et stressés de découvrir ce nouveau monde post-apocalyptique. Après plus d’une dizaine d’heures passées, notre verdict tombe sans appel : le titre de Hideo Kojima regorge d’idées farfelues qui nous rendent accrocs malgré la présence de quelques défauts mineurs.
Une ambiance de fou !
Le monde de Death Stranding est extrêmement dangereux, entre les échoués, les « MULEs » et l’environnement désastreux, ton aventure sera chamboulée à de nombreuses reprises. L’objectif, ici, est de reconnecter tous les habitants de l’Amérique (nommée UCA). Sous le physique et les traits de Norman Reedus (star de la série The Walking Dead), votre personnage, nommé Sam Porter Bridges, a la lourde tache de relier toutes les stations.
Dès les premières minutes, tu ressens la détresse et la peur chez les protagonistes. La mise en scène se révèle spectaculaire et les cinématiques sont à couper le souffle. Littéralement. Tu te surprendras à retenir ta respiration comme ton personnage pour éviter de te faire repérer par les ennemis. Les développeurs ont réussi à instaurer une ambiance à la fois glauque et stressante, te poussant à faire attention aux moindres détails et à anticiper tes réactions. Chapeau bas !
Death Stranding, un monde futuriste criant de réalisme
Graphiquement, Death Stranding envoie du très lourd. C’est très beau. La direction artistique dépasse l’entendement et tout a été peaufiné minutieusement. À contempler le paysage entre deux quêtes, on découvre les nombreux détails apportés aux objets. On parcoure la map tout en sachant que l’on sera toujours satisfait du rendu aux petits oignons. Tous ces points positifs nous amène à regretter la petitesse de la carte. Que veux-tu, nous sommes d’insatiables insatisfaits…
Toujours du côté artistique, on applaudit le scénario qui démarre très fort et qui te tient en haleine pendant plus d’une trentaine d’heures de jeu (pour les plus rapides). L’histoire nous prend aux tripes et on donne le maximum pour en découvrir le fin mot. Niveau musical, on en prend plein les oreilles. Les musiques se fondent dans le décor, les bruitages nous crispent comme il se doit et les doublages sont d’une qualité rare. On en redemande !
Pour le gameplay, on adhère… ou pas.
En plus de devoir reconnecter toutes les stations entre elles, Sam Porter Bridges doit livrer une pléthore de marchandises perdues au bon endroit. Le gameplay tourne autour de cette mécanique : tu acceptes une commande, tu utilises ta carte pour connaître ta destination, tu échafaudes un itinéraire optimal et tu t’aventures à l’extérieur en priant pour ne pas rencontrer des ennemis sur ton chemin. Tu te doutes bien que tout ne se passera pas comme prévu. Cet aspect est à double tranchant : soit tu y adhères et tu passeras d’excellents moments, soit l’ennui va prendre le pas sur l’excitation et tu considéreras rapidement cette mécanique comme une corvée.
Heureusement, la connectivité entre joueurs se révèle particulièrement convaincante et addictive. Tu trouveras, sur ton chemin, des constructions réalisées par d’autres gamers comme des échelles, des cordes, des ponts, etc. Cette entraide permet de développer notre solidarité pour rendre ce monde meilleur. Tu peux même « liker » les différentes structures pour remercier un joueur ingénieux, et inversement. La communauté n’a jamais été aussi présente dans les mécaniques d’un jeu et on ne peut qu’applaudir une nouvelle fois les développeurs pour cette idée farfelue et enrichissantes.
Death Stranding, livraison garantie… ou presque !
Death Stranding s’avère t-il parfait ? Pas véritablement. En effet, quelques défauts viennent noircir le tableau de ce chef d’œuvre vidéoludique. Pour commencer, la prise en main peut en rebuter plus d’un : la gravité appliquée au personnage se révèle parfois agaçante (surtout quand Sam se prend les pieds dans un caillou et se ramasse comme une serpillère). Sa lenteur peut vite t’amener vers l’ennui (même si c’est logique…) et les cinématiques s’avèrent bien trop présentes (et trop longues) pour tout et n’importe quoi. Tu veux retourner dans ta chambre privée ? Hop, cinématique. Tu veux pisser / prendre ta douche ? Hop, cinématique. Tu veux accepter de nouvelles commandes ou recycler certains objets ? Hop, deux cinématiques pour le prix d’une. Agaçant au plus haut point !
Cette abondance de « trop » n’est clairement pas en reste. Dès le début, tu es assailli par un nombre incalculable de discussions, de tutoriels et d’indications à l’écran : impossible de s’y trouver ! Il y a tellement de données et d’éléments à prendre en compte rapidement qu’on finit par être totalement déstabilisé et perdu.
Couplée à cela, s’ajoute une police d’écriture trop petite pour les descriptions (même avec un grand écran) et le tout s’avère gâché. Comment peut-on entrer dans l’univers si l’ergonomie des menus se révèle bien trop surchargée ? C’est dommage car Death Stranding avait tout pour être le jeu de l’année.