Stephen King est devenu une véritable mine d’or pour les studios en soif d’adaptation fantastique. Si certaines récentes se révèlent plutôt efficaces, force est de constater que les oeuvres de King sont parfois traitées un peu trop comme le reste du mainstream horrifique, c’est à dire sans trop se creuser la tête. Et c’est d’ailleurs plus une tombe qu’on a envie de se creuser pour pouvoir échapper à cette nouvelle itération de Simetierre produit par Paramount.
Il semble assez loin le temps où Frank Darabont réalisait des chefs d’oeuvres adaptés de King, avec les Evadés, La ligne verte ou The Mist. Dorénavant le maître du fantastique littéraire, est devenu un prétexte marketing pour surfer sur son nom et attirer les foules dans les salles, avec des films qui perdent grandement en substance. Et c’est typiquement le cas avec ce Simetierre, dont la déception quant à son concept n’en est que plus forte. La famille Creed viennent tout juste de déménager dans une bourgade du Maine. Près de leur nouvel maison se trouve un ancien cimetière d’animaux qui révélera avoir la capacité de ressusciter ce qu’on y enterre, mais sans que les êtres ne reviennent exactement comme ils étaient auparavant…
Il y avait des thématiques intéressantes à développer, sur le deuil, la conception de la mort qui sont semble-t-il inhérentes à l’oeuvre d’origine. On en voit un échantillon avec ce père médecin joué par Jason Clarke qui a une approche Cartésienne de la mort et qui se confronte à la vision de la mère jouée par Amy Seimetz, quant à elle croyante et effrayée par la grande faucheuse. Deux visions qui auraient pu donner un film de genre profond mais se limite à un simple dialogue avant de patiner dans une intrigue qui ne raconte pas grand chose.
Le défaut principal du film est effectivement que les personnages errent dans le récit sans objectif précis, le traversant seulement avec quelques éléments étranges randoms et un chat bizarre mais pas particulièrement flippant, comme le reste du métrage. On note une certaine tentative de développement de la mère qui devait vraisemblablement apprendre à surmonter un traumatisme d’enfance. Cependant le film s’axe essentiellement sur le point de vu du père qui lui n’a vraiment aucune problématique. Une tentative un peu vaine donc, ajoutée au fait qu’on ne comprend pas trop pourquoi ce passé traumatique prend littéralement forme au sein du foyer, alors qu’il n’est nullement question de maison hantée. De même pour l’esprit de l’adolescent qui apparaît pour prévenir la famille Creed du danger en approche. Pourquoi fait-il cela ? De son vivant il ne connaissait aucunement les Creed et il meurt en début de film sans qu’il n’ait pu les rencontrer.
S’ennuyer à mourir
Des questions sans réponse qui lorgnent du côté de la facilité au mieux, de l’incohérence au pire. Et des personnages vides donc qui créent un ennui profond car le métrage défile sans aller véritablement quelque part. En réalité l’histoire prend tout son envol au bout d’une heure, lors d’un “twist” allègrement spoilé dans les bandes annonces qui aurait dû être le point de départ de l’oeuvre. C’est effectivement à ce moment que les personnages auraient eu des objectifs à surmonter, que toutes les thématiques autours de la mort auraient pris leurs sens, au lieu du build up inconsistant créé autour de ce fameux cimetière. Mais comme le film se rappelle qu’il est censé nous faire peur et qu’il ne reste que quarante minutes, il ne développe en rien le malaise de la résurrection, ni ses conséquences pour tomber dans de l’horreur slasher que l’on a déjà vu mille fois.
Cela n’est pas aidé par une mise en scène absolument pas inspirée et des visuels sans âme, qui ne rend pas le récit particulièrement divertissant. Seuls les acteurs s’en sortent plutôt bien, avec un John Lithgow attachant (mais un peu bête quand même) et la révélation Amy Seimetz qui est vraiment le point fort de l’oeuvre. A noter une fin, bien que grand-guignolesque, des plus surprenantes dans son pessimisme et qui ouvre des possibilités de suite divertissante, à défaut d’être subtiles.
Le film donc ne rend pas honneur à l’auteur d’origine, passe complètement à côté de son sujet au détriment d’un mystère artificiel et inconsistant. Il ne devient intéressant qu’à partir de son 3ème acte mais le bâcle à cause du temps qu’il lui reste. Résultant donc à rien d’autre qu’un ennui mortel.