Nous sommes à une ère où nous sommes abreuvés de films de super-héros, est-ce que ça a eu une influence sur votre travail ?
Brad Bird : Ça a un peu cassé mon enthousiasme. Il faut des années pour faire un film d’animation et j’avais peur qu’au moment de la sortie, les gens se disent qu’il y en avait trop. Mais ça m’a travaillé pendant 1h et après je me suis dit qu’il fallait avancer, car ce qui me plaisait le plus dans ce film c’était la notion de famille.
Était-ce difficile vu le succès du premier de faire le second ?
Brad Bird : Maintenant on a la pression d’internet avec tout ceux qui adorent le premier film qui te disent tout de suite que tu n’as pas intérêt à les décevoir. Du coup c’est dur pour la créativité. Parfois on pense que si ça a marché dans le premier film, il faut faire exactement pareil dans le second et ça devient une sorte de cahier des charges et je déteste ça. Donc je m’imagine juste dans la salle de cinéma à me demander ce que j’aimerais voir à l’écran et c’est comme ça que je commence à avoir mes idées.
Avez-vous eu de nouveaux défis avec l’évolution du CGI ?
Brad Bird : Avec le premier film on avait peur d’échouer à chaque fois vu que beaucoup avait échoué. Aujourd’hui on a de la chance car on a un meilleur matériel, des équipes d’expérience… Le plus gros challenge reste l’histoire et les personnages. Les personnages sont les meilleurs effets spéciaux.
Votre mise en scène fait davantage penser au cinéma d’auteur qu’aux blockbusters actuels
John Walker (producteur) : Parce que c’est un vrai auteur ! (Rires)
Brad Bird : Je vais avoir la grosse tête ce soir, merci pour le compliment. Ce que j’adore chez Pixar c’est qu’ils apprécient la différence. Chaque réalisateur des films Pixar a sa propre voix et on nous donne l’opportunité de faire la différence.
Était-il difficile d’équilibrer le thème de la famille et des super-héros ?
Brad Bird : C’était un défi mais c’est ce qui rend le film dynamique. C’était amusant de passer d’un style à l’autre.
Nicole Paradis Grindle (productrice) : Les deux se mélangent. Chacun peut utiliser ses dons pour avancer dans la vie. Le père est le plus fort de la famille, la mère est tiré dans tous les sens, Violette est adolescente et a besoin de s’effacer, Flèche déborde d’énergie et court dans tous les sens, et Jack Jack a les pouvoirs illimités d’un bébé.
John Walker : Dès qu’on partait trop dans le super-héros, on revenait tout de suite au quotidien, et vice-versa. On a cherché le même équilibre que lors du premier film.
Est-ce que le look du film, qui ressemble aux années 70, est une volonté nostalgique ?
Brad Bird : Plutôt 60 je dirais. Quand j’étais gamin les films ou les séries de super-héros n’étaient pas géniaux, avec des méchants ridicules. Donc j’ai davantage réfléchi sur les James Bond avec de vrais méchants et je me suis demandé ce que donnerait ces personnages en BD, et je suis parti de ça.
Le méchant a des discours assez sévères contre la technologie…
Brad Bird : Les meilleurs méchants sont ceux qui ont un vrai point de vue même s’ils font de mauvaises actions, ils sont plus crédibles.
Nicole Paradis Grindle : Ça marche mieux quand on comprend son point de vue.
Brad Bird : Et il y a un côté méta puisqu’on le regarde dire ça dans un film qui est diffusé à l’écran.
Est-ce que certaines idées du premier Indestructibles, mais non intégrées dans ce dernier, se retrouvent ici ?
Brad Bird : Oui, la scène entre le raton laveur et Jack Jack. Une idée géniale mais qui s’insérait mal dans le premier film. Ensuite il y avait dans le blu-ray des Indestructibles un court-métrage que j’avais tourné autour de Jack Jack et la babysitteuse où l’on voyait le bébé étaler ses pouvoirs. On n’avait pas réussi à la caser directement dans le film donc elle a servi de bonus. Mais on a adoré l’idée de tous ces pouvoirs et on voulait aller encore plus dans cette direction, ce qu’on a fait ici.
Est-ce qu’on pourrait vous voir à la tête d’un film de super-héros de chair et d’os ?
Brad Bird : On m’a proposé plusieurs projets qui ont bien cartonné sans moi. J’ai mes propres super-héros, c’est ceux-là et ça me suffit.
Les Indestructibles 3 ?
Brad Bird : On ne sait pas encore, on va voir comment est reçu celui-ci et après on verra. C’est comme aller à la maternité et dire à une femme qui vient d’accoucher : et le prochain c’est pour quand ?