Après un troisième épisode émotionnel et totalement inédit, The Last of Us revient sur des rails plus connus pour les fans du jeu vidéo. Dans ces épisodes 4 et 5, Joel et Ellie se rendent finalement compte que la menace infectée n’est pas le seul obstacle sur le long périple ! Retour sur un double-épisode non-dénué de tension.
The Last of Us ne cesse de faire grimper son audience, et c’est facile à comprendre devant un premier tiers diablement réussi pour sa saison 1. Que ce soit le pilote, l’épisode 2 et l’émouvant épisode 3, rien ne semble stopper la locomotive de Druckmann et Mazin. Passée une parenthèse diablement excitante avec Bill et Frank (qui encapsulait toutes les thématiques de l’œuvre), les épisodes » Please Hold to my Hand » et « Endure and Survive » de Jeremy Webb adaptent un segment important de l’intrigue du jeu.
Cette fois, Joel et Ellie sont déjà au milieu du trajet à travers les USA, en arrivant à Kansas City. Sur place, nos deux compères se rendent compte que le Cordyceps n’est pas le plus grand ennemi : en effet, la Zone de Quarantaine de la FEDRA est tombée aux mains des autochtones. Menés par Kathleen Coghlan (Melanie Lynskey), ces derniers traquent sans relâche les collaborateurs dans leur ville.
C’est donc ainsi que Joel et Ellie vont croiser la route de Henry Burrell (Lamar Johnson) et son jeune frère Sam (Keivonn Montreal Woodard), se cachant dans le but de fuir la ville. Un canevas bien connu des fans de la franchise, car là encore la fidélité au récit originel est de mise… avec quelques modifications significatives plus ou moins bienvenues cependant !
L’épisode 4 s’ouvre sans doute sur sa partie la plus intéressante : Joel et Ellie, sur les routes du Missouri ! Entre campements la nuit (chose qu’on ne voyait jamais dans le jeu), blagues d’Ellie (le fameux livret est là toutes comme les respirations humoristiques), séquence sur du Hank Williams et easter egg de magazine… Le tout oscille entre ajouts pertinents et fidélité absolue.
La survie a un prix
Une fidélité qui va jusque dans la reconstitution de l’embuscade par les chasseurs, et l’irruption de la violence entre humains. Un choix bienvenu, mais qui pour la première fois opère un certain downgrade d’intensité et de violence, en laissant le tout hors-champ , et en diminuant grandement le nombre d’opposants de Joel. Une décision qui peut s’expliquer sur la différence de média, mais qui pour le coup nuit au caractère complètement hostile de ce monde tant le duo principal ne semble pas gêné dans son escapade.
Il faudra en effet attendre le climax (bien réussi) de l’épisode 5 pour revoir les antagonistes, ainsi qu’une horde d’infectés (bons effets visuels signés Weta Digital) pour rappeler le credo de la « survie à tout prix » (les BD fictives Savage Starlight sur lesquelles trippent Ellie et Sam feront encore une fois plaisir aux fans).
Pour rappel, il s’agissait de Pittsburgh dans le jeu vidéo (le choix de Kansas City s’est justifié devant les impératifs de tournage et en terme de logique d’avancée du voyage), avec tout un tas de rencontres plus ou moins sanglantes contre des malotrus de la pire espèce. Format série oblige, Druckmann et Mazin ont eu la bonne idée de multiplier les points de vue et les temporalités, afin d’humaniser les forces opposantes, et de donner de la backstory au duo Henry-Sam.
Mort par mour
Tout comme dans The Last of Us – Part II, la notion de gentil-méchant est loin d’être binaire, et c’est le cas pour les persos inédits que sont Kathleen et son lieutenant Perry (joué par Jeffrey Pierce, acteur de Tommy dans le jeu vidéo !). Désormais révolutionnaires aux méthodes aussi expéditives que leurs anciens oppresseurs, ces derniers sont motivés dans leur conviction par les lourdes pertes qu’ils ont tous subi (Kathleen précise qu’elle a perdu son frère par la faute d’Henry, et ira même jusqu’à abattre le médecin de famille qu’elle connaît depuis toute petite).
Une manière de contraster et d’apporter des nuances de gris (après tout, chaque personnage dans la série commettra ses actions par amour/douleur) devant ces personnages humains. S’il y a forcément à redire sur la manière d’exploiter ses personnages (et le fait de simplement baser leurs motivations sur un principe de revanche sur l’ancien régime militaire), LA grande réussite concernant les ptits nouveaux introduits sont Henry et Sam !
Identiques à leurs homologues vidéoludiques, la série amène néanmoins la surdité du jeune Sam. Un élément inédit offrant par ailleurs des échanges emplis de délicatesse entre lui et son frère, ou bien avec Ellie via son ardoise. Si dans le jeu nous faisions un bout de chemin avec eux, ici le temps reste plus limité mais permet d’offrir quelques moments d’intimité (l’appétence de l’enfant pour les super-héros étant une nouveauté bienvenue parmi d’autres) renforçant leur fameuse scène finale.
Adieux douloureux
Une séquence déchirante (tout comme dans le jeu là encore !) alors qu’Henry est contraint d’abattre son frère infecté, avant de se suicider par culpabilité et désespoir. Un des grands moments cultes de The Last of Us magnifié par un jeu d’acteurs impeccable !
On notera également les passages dans les égouts (malheureusement écourté) où la petite troupe découvre les vestiges d’une (sur)vie passée, et la fameuse altercation avec un sniper débouchant sur des hordes d’infectés (dont le fameux Colosse stade 4 d’infection adepte d’arrachage de mâchoire ou un curieux Claqueur enfant). Autant de biscuit succulent pour le fan que de passages obligés pour la relation Joel-Ellie.
Définitivement le plus gros exploit de la série, Pedro Pascal et Bella Ramsey incarnent désormais leurs personnages avec une aisance des plus naturelles, tandis que le duo est désormais bien plus soudé et fusionnel (brillante utilisation du livre de blagues, avec le tout premier rire de Joel à la fin de l’épisode 4). Un lien qui se verra évidemment malmené de manière signifiante par la suite !