Présenté au Festival d’Annecy en même temps que sa sortie sur Disney+, Predator Killer of Killers est le tout nouveau film au sein d’une franchise revigorée il y a peu avec Prey. Retour sur cette aventure simili-anthologique !
Predator Killer of Killers pourrait sembler être une sortie venue de nulle part, et pourtant il s’agit pour ainsi dire d’un opus majeur de la franchise. Débutée en 1987 avec le cultissime premier film de McTiernan, la saga aura été beaucoup plus balbutiante qu’Alien par exemple, malgré l’aura indéniable de son monstre principal. Le Yautja est ainsi revenu dans une suite se déroulant à Los Angeles, avant d’implanter le secteur du JV ou des comics.
Depuis, un fantasme était né, celui de voir le fameux chasseur alien aux dreadlocks se friter à d’autres proies que des humains contemporains…et à des époques différentes ! Une envie qui a ainsi nourri le fameux reboot qu’était Prey, présentant un Predator d’une caste plus ancienne affronter des Comanches au XVIIIe siècle !

Un film hautement sympathique, dont le succès aura propulsé son réalisateur Dan Trachtenberg (10 Cloverfield Lane) comme le nouveau patron à bord afin de développer d’autres films Predator. Et si on retrouvera en fin d’année Predator Badlands (nouveau métrage inédit se déroulant sur une planète éloignée avec comme protagoniste un jeune Yautja), le voilà à réaliser un film d’animation s’apparentant à un gros délire geek !
Jamais sans mon bouclier et mon épée
Predator Killer of Killers assure donc une structure quasi anthologique en présentant 3 moyen-métrages de 20 minutes chacun. Le premier (The Shield) se déroule à la fin du IX siècle en Scandinavie, alors que la chef viking Ursa s’apprête à venger le meurtre de son père par un clan adverse. Pas de chance, la voilà face à un Uber Predator : le début d’un affrontement brutal pour le meilleur segment du film !
Et malgré que Predator Killer of Killers soit conçu sous Unreal Engine (le moteur de JV passe partout par excellence) dans un style visuel minimaliste (parfois évocateur de Blue Eye Samurai), l’animation a fière allure ! Portée par une mise en scène redoutable de clarté et riche en badasserie, ce segment parvient à instantanément donner de l’épaisseur à son héroïne matriarcale, face à un Yautja inédit usant d’un point cyborg à ondes de choc !

The Shield cependant se déroule au Japon féodal, dans un récit où 2 frères se retrouvent pour s’affronter lors des obsèques de leur père (un daimyo tyrannique qui prônait la loi du plus fort)..avant qu’un Predator agile comme une shinobi ne vienne afficher sa tronche de porte-bonheur ! Un segment central là encore pêchu, orchestré de manière quasi muette, et où l’affrontement face au monstre alien est avant tout un moyen de développer la relation cathartique entre les 2 frangins… Le tout dans une style poétique propice à son cadre nippon.
La balle, c’est trop facile
Mais patatra, le 3e segment (The Bullet) vient rompre le parfait équilibre tenu jusqu’ici de Predator Killer of Killers. Se déroulant dans le ciel du Pacifique en pleine WW2, celui-ci se veut globalement dénué de réelle tension au profit d’un fun assumé et d’une légèreté encapsulée par la personnalité de son protagoniste (un mécano hispanique se découvrant pilote professionnel dans le but de contrer un Yautja aux commandes de son vaisseau).

C’est bien dommage, d’autant que ce mini-récit nous montre le Predator d’une manière inédite. Heureusement, le film de Trachenteberg réhausse son apparente dimension anthologique via un 4e segment réunissant les 3 protagonistes : capturés à la suite de leur exploit, ces derniers ont été cryogénisés en attendant d’être réveillés pour leur ultime combat, à savoir un affrontement dans une arène de gladiateurs !
Predator Killer of Killers : extension express du lore
Mettant de côté la barrière de la langue, ils vont réussir à s’allier (et utiliser pas mal de fâcheux deus ex machina malheureusement) pour s’échapper à bord d’un vaisseau. Les facilités narratives sont encore là… mais il faut avouer que Predator Killer of Killers sait soigner sa manière de dépeindre la culture Yautja, jusque dans un ultime plan en suspens. Ursa s’est sacrifiée pour que ses 2 compères s’échappent, mais il faudra sans doute une suite pour découvrir leur destin.

Predator Killer of Killers ne s’arrête pas là ceci dit, dévoilant une gigantesque salle de proies cryogénisées venues des confins de la galaxie. On peut d’ailleurs voir que Naru (l’amérindienne de Prey jouée par Amber Midthunder) a elle aussi été capturée et mise en stase en attendant le jour où elle devra à nouveau sortir les armes.
Predator Killer of Killers laisse ainsi ouvert une infinité de possibles : est-ce que Dutch (Arnold Schwarzenegger) reviendra lui aussi si on suit la logique ? Est-ce que triompher face au Predator signe donc le même destin funeste ? Des portes ouvertes qui laissent ainsi songeurs sur ce que la franchise nous réserve dans le futur…