Forgotten Silver, cinquième film de Peter Jackson, est un documenteur qui aura réussi à berner tout le monde après sa diffusion sur une chaîne néo-zélandaise. A l’occasion de la restauration de ses quatre premiers longs-métrages, retour sur la carrière du réalisateur néo-zélandais.
Forgotten Silver marque la rencontre entre le prodige Peter Jackson et un autre genre, après son fabuleux drame teinté de fantastique, Créatures célestes : celui du documentaire. Peter Jackson s’entend ici nous conter l’histoire extraordinaire d’un pionnier du cinéma néo-zélandais injustement oublié répondant au nom de Colin McKenzie. Entre mésaventures et véritable film d’aventures rencontrant l’histoire avec un grand H, Peter Jackson, face caméra, entouré de proches, dont un certain Harvey Weinstein et même Sam Neil, s’attelle à nous conter l’histoire extraordinaire d’un cinéaste… qui n’a en fait jamais existé.
Docu, mentez !
Et le talent de Peter Jackson et de son équipe, ainsi que son penchant pour les blagues de sale gosse font de Forgotten Silver un documentaire qui aura su berner nombre de néo-zélandais, avec parmi eux des professionnels du cinéma qui se vantaient de connaître l’histoire de ce cinéaste complètement inventé par le réalisateur. Véritable controverse en Nouvelle-Zélande, l’équipe s’est elle-même étonnée que le canular fonctionne. Cet étonnement peut cependant s’expliquer par la maîtrise totale de Peter Jackson qui délivre ici un film tour à tour amusant et véritablement passionnant.
Colin McKenzie, personnage principal de Forgotten Silver est ainsi à l’image de ses deux personnages féminins de Créatures célestes. Un passionné de création pour qui celle-ci aura un résonnement fatal sur la vie personnelle de ce dernier, la transformant en véritable tragédie. La connaissance poussée de Peter Jackson pour le cinéma et l’histoire de son pays font ainsi vivre son personnage bien au-delà de la simple expérimentation. Forgotten Silver est ainsi, en plus d’un documentaire réussi, une véritable déclaration d’amour au cinéma (comme l’étaient ses trois premiers longs-métrages), et à tous ses artisans et créateurs oubliés face à l’Histoire.
Teintant son récit d’aventures et d’exploration, Peter Jackson restitue ainsi tout l’amour que l’on peut porter cinéma en restituant parfaitement l’excitation de la découverte d’une oeuvre et la frustration de la création d’un projet pharaonique au dépens de sa propre vie. Une histoire d’amour malheureuse mais fantastique lorsqu’elle vit à l’écran et nous emporte, peu importe que l’histoire soit vraie où complètement inventée.
Forgotten Silver est disponible en DVD et Blu-ray collector.
Critique écrite par Kantain.