Paradoxal est un thriller théâtral fascinant et atypique qui explore la frontière entre le rêve et la réalité.
Nous avions découvert Paradoxal lors de l’édition 2018 du Festival d’Avignon figurez-vous ! Mais il se trouve que, par un (heureux) mélange de curiosité et de hasard, nous nous sommes retrouvés à aller redécouvrir ce spectacle cet été. Et nous ne l’avons pas regretté. Quelle expérience !
Aux frontières du réel
« Une expérience théâtrale inventive et vertigineuse », « un moment de théâtre atypique et captivant » : ça, c’est ce que nous avions écrit sur ce spectacle à l’époque. Et nous n’avons pas changé d’avis. En effet, Paradoxal ne nous donne pas seulement « à voir », il nous donne aussi « à vivre ». Nous sommes d’ailleurs tout de suite plongés dans une pénombre propice au rêve et à l’illusion…

Marylin est une jeune journaliste qui souffre d’insomnie, et découvre qu’elle est consciente de ses rêves. Alors, quand on lui propose d’intégrer un programme médical de recherche à destination des rêveurs lucides, elle accepte. Le but de l’expérience sera de tenter de faire se rencontrer les participants dans leurs rêves, et de voir s’ils peuvent influer sur le déroulement des rêves des uns et des autres. Mais le programme va déraper, et la frontière entre fiction et réalité n’aura jamais été aussi floue.
L’art de semer le trouble
Il y a clairement du génie dans cette création, aussi bien dans ce qu’elle raconte, avec beaucoup de finesse, de pédagogie et de drôlerie, que dans la manière inventive dont elle le raconte, ainsi que dans sa mise en scène très artisanale. Et c’est à Marien Tilliet que l’on doit tout cela, en complicité avec Samuel Poncet qui signe la scénographie et les lumières, et Alban Guillemot pour l’efficace création son.

L’ensemble est esthétiquement très épuré, et pourtant puissamment évocateur. Il pose une ambiance troublante et onirique, avec quelques effets aussi originaux que réussis. Comme ces bruitages créés par le glissement de bouteilles en plastique sur le bureau avec un effet de résonance qui accentue le climat de tension, ces puits de lumière qui semblent parfois aspirer le réel, ou encore cet effet de travelling arrière qui nous précipite hors d’un rêve ! C’est très fort de réussir à faire exister sur scène les sensations propres à l’état de sommeil et au rêve.
Paradoxal : une expérience sensorielle hors du commun
Le comédien possède un indéniable talent de conteur, maîtrisant aussi bien la musicalité des mots que la force des silences. Il créé rapidement un climat de confiance et de complicité avec le public, et nous captive dès les premiers instants. Il interprète avec beaucoup d’humour des personnages aux profils très variés comme un taxidermiste passionné, un ado militant ou encore une caissière qui ne fait que rêver de vacances au soleil…

Entre conférence, one-man show, thriller scientifique et expérience sensorielle, Paradoxal mélange habilement les genres pour mieux nous plonger dans le monde des rêves et des états de conscience modifiés. Nous avons tout particulièrement aimé la première partie, très rythmée, où l’on rit beaucoup. La suite est plus onirique, moins rythmée et plus confuse, avec parfois quelques longueurs, notamment lorsqu’il s’agit d’explorer les rêves des différents participants au programme.
Tout nous paraissait d’abord assez clair dans ce récit, mais on ne peut finalement qu’en arriver à cette interrogation : « à quel endroit se situe véritablement le rêve dans ce à quoi nous assistons ? » Et c’est là que le vertige nous saisit. Car, ainsi que Marien Tillet nous le rappelle, lorsque nous rêvons, nous sommes généralement persuadés que ce nous vivons et ressentons est réel. Notre cerveau a donc bel et bien la capacité de nous manipuler ! Un peu comme ce spectacle…
Paradoxal, écrit, joué et mis en scène par Marien Tillet, se joue du 5 au 24 juillet 2025 au 11. Avignon
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Avis
Nous ne sommes pas loin d'Inception avec cette création qui nous propose quelque chose de tout à fait unique dans le paysage théâtral. L'expérience est forcément marquante, troublante, et est assez riche (et parfois complexe) pour mériter d'être vue une seconde fois. Nous avons donc bien fait de retourner faire le même rêve !