Avec Léviathan, le réalisateur russe Andreï Zviaguintsev met en scène la créature mythologique, un film auréolé d’un Prix du Scénario à Cannes, et du Golden Globe du meilleur film en langue étrangère.
Le Léviathan, c’est une créature mythologique évoquant « un cataclysme terrifiant capable de modifier la planète, d’en bousculer l’ordre et la géographie ». Un chaos aux formes diverses, ici personnifié par le metteur en scène Andreï Zviaguintsev à travers une Russie broyeuse d’individus, assoiffée de pouvoir. La Russie de Poutine, à deux pas de chez vous.

Un drame d’auteur, à travers la figure mythologique
Pour autant, Zviaguintsev reste à échelle humaine et se garde bien de tirer sur l’ambulance. Récit d’un scandale judiciaire et portrait d’une fratrie en éclosion, Leviathan prend le pouls de ses personnages autant que de sa sublime mer de Barents, cadré dans un scope lumineux. Il en résulte un rythme à contre-courant de la forte dramaturgie contenue au sein de l’intrigue, dans une forme de simplicité qui paie sur le long.
Et puisque son metteur en scène n’a pas peur de mettre les mains dans la boue, le château de cartes qui progressivement s’écroule se teinte d’une amertume déchirante envers une Russie humainement en lambeaux. Le montage met en lumière la petite et la grande échelle jusque dans un final qui offre le frisson d’une mécanique imparable. Et tristement réelle et palpable dans un pays où la vérité a le devoir du silence. Nécessaire.
Fiche technique
Réalisation : Andreï Zviaguintsev
Synopsis : Oleg Negin et Andreï Zviaguintsev
Casting : Alexeï Serebriakov, Vladimir Vdovitchenkov, Alexeï Rozine, Elena Lyadova
Date de sortie : 24 septembre 2014 en France, et seulement le 5 février 2015 en Russie, dans une version censurée
Synopsis : Au nord de la Russie, dans une ville côtière de la mer de Barents, Kolia possède un atelier de réparation automobile près de la maison où il vit avec sa jeune épouse et son fils adolescent né d’un premier lit. Un lieu grandiose et préservé où ont vécu, avant lui, son père et son grand-père, et que le maire crapuleux de la ville convoite pour y construire un centre de télécommunications.

