Leboncoin du feu est l’étonnante confession d’un faux acheteur ayant pendant des années trompé de vrais vendeurs sur Le Bon Coin.
« Bonjour, votre annonce m’intéresse ! Est-elle toujours disponible ? Cordialement. » C’est comme ça que ça commence à chaque fois. La suite, elle, se réinvente en permanence. Dans Leboncoin du feu, Camille Daloz, de la compagnie Le Cri Dévot, nous plonge au cœur de l’intime. Un seul en scène plein d’humanité et de folie !
Petites confidences entre amis
Quiconque s’est déjà aventuré, ne serait-ce qu’un peu, dans les sombres marécages des sites de petites annonces en ligne (surtout celui-là !), saura qu’il y a beaucoup plus de réalisme qu’il ne pourrait y paraître dans ce spectacle ! Les objets moches et/ou improbables, les annonces rédigées n’importe comment, les vendeurs louches : Le Bon Coin est un terrain très généreux en matière d’inspiration comique. Terrain sur lequel Camille Daloz s’est aventuré d’une manière assez particulière !

Dès son entrée en scène, sa sympathie, son naturel, sa drôlerie, et le côté kitsch assumé de sa mise en scène, prennent tout l’espace et créent une ambiance chaleureuse, de confiance, presque amicale. On adore ! Puis, il nous parle de son « plaisir coupable » à lui. Et, peu à peu, c’est un personnage farfelu, passionné par les déguisements, les animaux et les lunettes de soleil, que nous apprenons à découvrir. Un personnage… et pas qu’un seul d’ailleurs, qui passe du temps, beaucoup de temps, à éplucher les petites annonces…
« Une imposture autobiographique »
Mais ce n’est pas vraiment pour acheter des objets qu’il est devenu Pomelopop sur Le Bon Coin entre 2019 et 2024. Un seul pseudo, mais une multitude de personnages avec lesquels il a pris un malin plaisir à faire tourner en bourrique les vendeurs. Il nous partage tout un florilège d’annonces désopilantes, ainsi que ses échanges avec les vendeurs, captures écran à l’appui ! Son faible ? Les annonces mal rédigées, les prix dérisoires, les pseudos ringards et les bibelots ! On ne juge pas, mais on rit beaucoup !

Cependant, à mesure que le spectacle avance, on devine puis on sent dans cette démarche intrigante une tentative de rompre avec la solitude, de créer un semblant de lien, du contact au moins. Il nous emmène avec une lui dans une quête insatiable, qui va petit à petit prendre des proportions délirantes, dévoilant de plus en plus dans le même temps une personnalité troublée, troublante.
Leboncoin du feu : un joyeux bordel !
Le spectacle va donc crescendo, dans le rythme comme dans la folie… Et c’est malheureusement dans l’autre sens que nous sommes allés, moins convaincus par les démonstrations d’exubérance et les scénarios qui se répètent un peu trop que par la finesse et la drôlerie du début. Ça se met à partir dans tous les sens et le fil nous échappe. Dommage, ça démarrait si bien…

Heureusement, on se raccroche à la sympathie de Camille Daloz, aux quelques « invités » surprise qui se succèdent, et à toute la sensibilité qui jaillit de ce spectacle. Il ressort en effet quelque chose de touchant, presque de triste même, de toute cette solitude qui tente d’échapper à elle-même. Car, qu’il s’agisse ici de réalité ou de fiction, on sait que cette réalité existe quelque part… Ah, et si vous vous demandiez : pour le spectacle, pomelopop ne pratique que la remise en mains propres !
Leboncoin du feu, écrit, mis en scène et joué par Camille Daloz, se joue du 5 au 23 juillet 2025 au Théâtre du Train Bleu.
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Avis
Au final, difficile de savoir ce qui est vrai ou faux dans ce spectacle à mi-chemin entre théâtre, documentaire, confession et étude sociologique. Car le comédien est habile pour brouiller les pistes. Quoi que, après enquête, nous avons notre petite idée ! Mais on vous laisse vous faire votre propre avis.