Créée à partir d’interviews recueillies et retranscrites, La Métamorphose s’interroge sur le temps qui passe et nous transforme.
La Métamorphose est un spectacle d’un genre tout à fait insolite. Il s’agit en effet de la première pièce de théâtre Verbatim en France. On vous explique en quoi cela consiste et on vous donne nos impressions sur cette pièce qui nous plonge dans un thème universel et finalement intemporel : grandir.
La Métamorphose, entre théâtre et documentaire
Le théâtre Verbatim, ça ne vous dit peut-être rien. Cette forme assez inhabituelle de théâtre repose sur l’enregistrement et la retranscription d’entretiens avec des personnes « ordinaires », proches ou inconnues, dont les propos forment ensuite la matière textuelle que s’approprient les comédien.ne.s. Plus concrètement, ici, des personnes de tous les âges ont partagé leurs expériences, leurs ressentis, leurs souvenirs liés au fait de grandir. Et ces fragments de vie réunis, entremêlés, mis bout à bout forment un véritable voyage à travers le temps qui passe et nous transforme.

Sur scène, les cinq jeunes artistes nous expliquent être munis d’oreillettes pour nous livrer ces témoignages au plus près de leur vérité. Mais alors, vont-ils vraiment jouer ou seulement réciter ? Notre inquiétude aura été de très courte durée. Car à peine le spectacle avait-il démarré que nous n’avions plus cinq comédien.ne.s devant nous mais Lola, 8 ans, Azzedine, 54 ans, Josiane, 94 ans, et bien d’autres…
Une jeune troupe épatante
C’est un spectacle original, audacieux et bourré de tendresse que nous livre la compagnie Sept heures d’avance. Et si cela fonctionne aussi bien, c’est grâce au talent de ces jeunes artistes qui se font complètement oublier derrière les témoignages auxquels ils donnent vie avec beaucoup de précision et de nuances. Les voix, les intonations, les mimiques, la gestuelle, la tonicité du corps, jusqu’aux souffles… tout y est, c’est bluffant de réalisme. Ce qui rend les témoignages bouleversants de sincérité et captivants.

Un plat de coquillettes au jambon qui prend la forme d’une madeleine de Proust ; le décès d’une grand-mère que l’on n’a pas pu voir une dernière fois ; les jalousies et les ruptures amicales de l’adolescence ; le décès d’un frère protecteur ; le premier rapport sexuel ; etc. Des anecdotes qui nous font parfois rire, d’autres fois nous émeuvent, nous rendent nostalgiques (ou pas !) ; des morceaux de vie qui, finalement, nous racontent tous un peu.
Il était une fois la vie
L’expérience peut être un peu déroutante au début. Car il n’y a pas d’autre fil rouge que celui de la thématique de grandir, pas d’autre but que celui de contempler la métamorphose à l’œuvre, celle qui se produit au-dedans et au-dehors de nous tandis que le temps trace sa route, à travers des extraits de vie qui s’enchaînent sans ordre logique.

Mais on se laisse très vite prendre au jeu. On prend plaisir à découvrir ces bouts d’existences sans filtre, ces confidences qui nous ramènent à notre humanité la plus ordinaire et dont Théo Dachary, Marie-Anne Guilbert, Bertille Mirallié, Gaspard de Soultrait et Victoria Szczucki se font si joliment les conteurs et conteuses. Et surtout, Bertille Mirallié a relevé le défi de la mise en scène avec brio et parvient, avec intelligence, ingéniosité, et la complicité de Pauline Artus-Schaller à la chorégraphie, à rendre l’ensemble fluide, prenant et esthétique. Un très joli moment, et une compagnie à suivre.
La Métamorphose, mise en scène Bertille Mirallié, direction de mouvement Pauline Artus-Schaller, avec Théo Dachary, Marie-Anne Guilbert, Bertille Mirallié, Gaspard de Soultrait et Victoria Szczucki, se joue à La Factory, à Avignon, du 5 au 26 juillet 2025.
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Avis
Le rapport à soi, aux autres, à la famille, au travail, à la parentalité, à la vieillesse, à la mort... ce spectacle "témoignage" scanne les joies, les tourments, les découvertes, les défis qui ponctuent nos existences et nous relient les uns aux autres.