La Boussole d’Or : Ils ont effectivement perdu le nord…
C’était quoi déjà ? Les Royaumes du Nord est le premier volet de la trilogie A la Croisées des Mondes de Philip Pullman paru entre 1995 et 2000. On suit les aventures de Lyra, une jeune orpheline d’Oxford vivant dans un monde parallèle. Avec son daemon Pantalaimon (une créature fantastique) elle part à la recherche de Roger, son meilleur ami kidnappé par le Magisterium. Son adaptation cinématographique, La Boussole d’Or est sorti sur grand écran en hiver 2007 avec Nicole Kidman, Daniel Craig et Eva Green.
Attentes et potentiel d’une adaptation ciné : La trilogie A la Croisée des Mondes est un chef-d’œuvre de la fantasy. Supérieur et plus complexe qu’Harry Potter, abordant des thématiques adultes sur la politique, la religion, la science, la sexualité, les romans s’adressaient aussi bien à la jeunesse qu’aux adultes, mais on ne parlait pas encore de littérature « young adult » à l’époque. Avec tous ces personnages torturés, cet univers fantastique si riche, il y avait de quoi produire un divertissement intelligent, épique et décalé à la Steven Moffat. Un OVNI cinématographique sans doute… un de ces projets maudits et bizarres à la Dune qui fait l’objet d’un culte, un film avant-gardiste quoi ! Avec Nicole Kidman en Mrs Coulter (à qui Pullman a sans doute adressé l’une de ses plus belles déclarations d’amour en lui envoyant une lettre pour la supplier d’accepter le rôle de Mrs Coulter), cette adaptation annonçait une belle promesse.
Quel résultat ? À la question du Point Pop, « Qu’avez-vous pensé de cette adaptation, qui a tourné court après le premier film ? » Philip Pullman a répondu malicieusement : « Les acteurs étaient très bien ». On va tout de même développer (à notre petite échelle) pour lui. Mais on sera laconique car le goût est amer, même en 2018.
Alors que Warner avait confié l’adaptation des films Harry Potter à des réalisateurs de talent avec une vision intéressante (Alfonso Cuaron ou David Yates), New Line a décidé de confier les manettes à Chris Weitz (American Pie, Twilight chapitre 2 : Tentation…). Voilà. La cible ? les enfants, les pré-ados alors que Harry Potter apportait la recette idéale pour ratisser large. La Boussole d’Or sera un putain de conte de Noël fade et insignifiant entre Harry Potter et Narnia. Jouissant d’une polémique infantile et ridicule de la part du Vatican, le film ne trouvera pas de réconfort auprès des critiques fâchées et du public indifférent. Aussi cette superproduction défraîchie a bidé outre-Atlantique. Les suites seront annulées. Mais Nicole Kidman aura reçu une jolie lettre et un compliment de Pullman sur sa prestation, c’est déjà ça.
Quelles espérances ? La série BBC développée par Jack Thorne (Harry Potter et l’Enfant Maudit) et réalisée par Tom Hooper (Le Discours d’un Roi, Les Misérables) avec James McAvoy et Ruth Wilson (dont la ressemblance avec Nicole Kidman est troublant au niveau de l’épilation des sourcils) au casting. Ils ne pourront pas faire pire.
Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire : une saga avec un surprenant happy ending
C’était quoi déjà ? Une série de treize romans de Lemony Snicket (de son vrai nom Daniel Handler) qui racontaient les mésaventures de Violette, Klaus et Prunille Baudelaire, enfants parfaits devenus orphelins et dont la fortune est convoitée par le machiavélique Conte Olaf. Les romans sont parus entre 1999 et 2006 et une première adaptation avec Jim Carrey et Meryl Streep est sorti en 2004.
Attentes et potentiel d’une adaptation ciné : Les Orphelins Baudelaire, c’est un peu le cousin germain des contes cruels et loufoques de Roald Dahl. Dans le genre sur grand écran, on trouve Matilda de Danny DeVito. Le potentiel cinématographique de Lemony Snicket est son humour noir, sa narration originale, le cassage du 4e mur et son méchant, un comédien raté, alcoolique et dépravé. La cible ? Des enfants bobos cultivés et réceptifs. Trouver des références à Baudelaire, à Edgar Poe, à Madame Bovary dans des romans de jeunesse, avouez que ce n’est pas courant.
Quel résultat ? « MEH ! » pour citer François Theurel alias le Fossoyeur de Film. Rien de honteux, mais rien de sensationnel non plus. Avec Nickelodeon à la prod, il ne fallait pas s’attendre à du trash non plus. Tim Burton était dans la short-list pour le réaliser, mais il lui préféra Charlie et la Chocolaterie. C’est Brad Silbering (Casper) qui s’y colla. Il a fait le taf même si c’est fantoche (huhu). Ils ont choisi d’adapter les trois premiers volets en un film en mélangeant les intrigues des bouquins. Il y a une ambiance gothique, de bons acteurs, une belle musique de Thomas Newman et des passages rigolos mais Jim Carrey en fait un peu (beaucoup) des caisses. Les Orphelins Baudelaire, c’est un divertissement sous naphtaline qui arrive trop tard. Il aurait surement détonné davantage dans les années 90 période Famille Addams et Matilda. Mais en 2004, ce film à la réalisation classique faisait pâle-copie de Harry Potter. Avec 565 639 France, le film ne fait pas un gros carton comparé à Eragon et ses 2 769 646 entrées.
En revanche, il réalise un score honorable aux États-Unis et un retour n’est pas exclu. Les suites avec Jim Carrey, fin prêt pour reprendre son rôle, étaient sur la table. Mais à force de trainer, les jeunes acteurs avaient grandi. En 2014, Netflix décida de remettre la main sur ce concept en format série. Avec une équipe d’élites et de vieilles connaissances tels que le réalisateur Barry Sonnenfield (La Famille Addams, tout est lié !) ou Bo Welsh (qui a bossé sur Edward aux mains d’argent de Tim Burton, tout est lié on vous dit !) une photographie et des décos très stylisés, et un casting tout neuf et moderne porté par l’incroyable Neil Patrick Harris, on a été conquis (lire notre critique). Sorti en 2017 sur la plateforme de VOD, la série aura trois saisons avec adaptation de deux épisodes par tome. Concernant la réception, elle a su répondre aux attentes des aficionados de la série et de la critique. Ironiquement, bien que cette série soit géniale, on est toujours incapable de définir son public.