Fragment(s) est un spectacle de danse contemporaine et de hip-hop explorant avec poésie nos vides intérieurs.
Si vous aimez la danse contemporaine et les jeunes compagnie pleines d’énergie, nous vous parlions récemment du spectacle Éclats de vie, au théâtre des Lucioles, l’un de nos coups de cœur de cette édition du Festival d’Avignon. Mais nous avons déniché une autre pépite qui nous a elle aussi fait applaudir très fort : Fragment(s).
Un régal pour les yeux
Plongée dans la pénombre, la salle se fait silencieuse, ignorant qu’1h plus tard elle fera du bruit, beaucoup de bruit pour saluer la beauté et le talent qui s’apprêtent à envahir l’espace du plateau. Ce qui surprend avant tout et laisse admiratif, c’est la scénographie, à la fois mystérieuse et envoûtante. Plus largement, toute l’esthétique du spectacle est absolument sublime. Depuis la scénographie et les décors, avec ces pans de murs mobiles et cette superbe sculpture, jusqu’aux chorégraphies de Jade Janisset, en passant par la création lumière ou encore les costumes : on en prend plein les yeux.

La sculpture en question, Voyage à New York, est celle de l’artiste français Bruno Catalano, célèbre pour ses œuvres aux parties manquantes. Elle trône au centre de la scène, telle un phare dans la nuit pour les 8 danseurs et danseuses qui investissent peu à peu l’espace autour d’elle. Personnage à part entière ou simple miroir pour chacun des voyageurs, elle crée une atmosphère énigmatique.
Une danse organique
Le début est un peu long et lent. Mais dès que ces artistes se mettent à danser et que leur énergie jaillit sur la scène, la magie opère. Il y a quelque chose d’intense, de profond, comme une rage joyeuse dans leur manière de danser, d’aborder le mouvement, d’habiter leur corps, surtout dans les tableaux collectifs. Comme si chacun d’eux aller puiser dans ses déchirures, ses propres espaces de solitude.

On les regarderait danser ainsi pendant des heures, entre danse contemporaine, jazz et hip-hop. C’est tout simplement merveilleux. Nous avons également adoré les compositions originales de Yessaï Karapetian et de Lorsay, dont le rythme fiévreux entre en résonance parfaite avec ce que dégagent les corps de ces artistes habités.
Fragment(s) : un spectacle énigmatique
Tout est si beau, précis et soigné… Le coup de cœur était là, à portée de main, si seulement nous ne nous étions pas très vite senti perdus par l’histoire. Sans doute n’aurions pas tant que ça cherché à comprendre si la mise en scène ne prenait pas tant de place, qu’elle ne prenait pas autant de temps à vouloir nous raconter quelque chose, notamment dans les 15 premières minutes.
« Tels des voyageurs de l’âme, les danseurs explorent les vides qui façonnent leur propre identité. »
Si bien que nous nous sommes sentis frustrés de passer à côté, de deviner les thématiques mais de ne pas comprendre la symbolique de ces bouts de murs qui ne cessaient de se déplacer, de ces valises glissant sur leurs rebords, du lien avec la sculpture… Le voyage sans doute ? La solitude peut-être ? Mais encore ?

Autour de nous, les interprétations étaient variées, et quelques éléments de réponse nous sont venus après, dommage. Peut-être est-ce simplement notre imagination qui nous a fait défaut ce soir-là. Cela ne nous empêchera pas de garder un souvenir fort et merveilleux de ce moment, et d’avoir à l’œil cette compagnie terriblement talentueuse.
Fragments, de Jade Janisset, avec Ayoub Abekkane, Romane Bigey, Emilie Briaumont, Jade Janisset, Paco Lemoine, Camille Letullier, Inès Saidani, Oussama Elyousfi-Lemghari se joue du 5 au 26 juillet 2025 à l’Espace Alya.
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Avis
Peut-être qu'une voix off nous livrant avec poésie quelques éléments de contextualisation pendant les 15 premières minutes un peu longues nous permettraient d'embarquer tout entier dans cette œuvre... à laquelle il nous a finalement semblé manquer un petit morceau !