The Wild One, film documentaire réalisé par Tessa Louise-Salomé, revient sur la vie de Jack Garfein. Le long métrage, malheureusement non sélectionné pour les Césars 2024, brosse le portrait d’une vie bouleversante.
The Wild One retrace la vie de Garfein, survivant de l’Holocauste. D’abord un petit garçon déporté à Auschwitz à ses 13 ans, Jack Garfein devient plus tard un grand cinéaste hollywoodien et homme de théâtre. Il est notamment une des figures clés de la méthode Actor Studios.
Un documentaire envoûtant
La forme documentaire dans le cas d’une œuvre audiovisuelle est souvent bien plus écrite que ce que l’on croit. Chaque image sert le propos général du film et y apporte sa singularité. Aussi, il est à noter que The Wild One était éligible dans la catégorie « premier film », un choix audacieux, et un challenge largement relevé pour Tessa Louise-Salomé. C’est un mélange plus qu’intelligent de photos, d’images d’archives et d’interviews de personnalités ayant côtoyé Jack Garfein.
The Wild One s’ouvre sur des images envoûtantes. Accompagné par la voix de Willem Defoe comme narrateur, le début plante tout de suite le décor d’une épopée sombre, magique. La voix de Defoe, grand acteur, est parfaite pour ce voyage visuel. Sa voix est tour à tour celle d’un Garfein plus jeune, victime de l’Holocauste, puis celle d’un Garfein plongé dans la dure industrie du cinéma.
Les deux facettes d’une vie
Le scénario du documentaire joue donc entre ces deux grandes phases de sa vie : l’horreur qu’il a vécue enfant, et sa carrière en tant que cinéaste. Parfois cette alternance peut prêter à confusion, elle est par moment très difficilement perceptible à l’écran. Mais, elle est aussi la bienvenue dans certains cas.
Jack Garfein lui-même est présent pour raconter son histoire. La caméra le filme avec une tendresse évidente. Tendresse qui est largement nécessaire au vu des propos qu’il tient sur ses souvenirs de la guerre. Lorsque Garfein parle d’Auschwitz, l’émotion est à son paroxysme, la musique est absente, les images en noir et blanc sont bien plus lentes.
Une alternance trop peu perceptible
Au milieu de ces récits sur les camps de concentration, le retour vers sa carrière à Hollywood permet une respiration salvatrice. On est totalement écrasé et soufflé par la puissance des mots de Garfein. L’émotion qu’il transmet lorsqu’il revient à ses souvenirs qui le font visiblement souffrir est palpable. En tant que spectateur, on a tout autant besoin de souffler que lui.
Même si ce dernier point sur l’alternance des temporalités est discutable, il reste le seul point négatif du film. On a tendance à perdre le fil de ce qui se dit. Le retour à Garfein enfant, puis un saut vers Garfein adulte et ses déboires à Hollywood n’est parfois que difficilement compréhensible. Cet épisode de sa vie à Hollywood paraît bien pâle à côté de ses récits sur l’Holocauste. Cependant ainsi qu’il l’explique lui-même, ses films ne plaisent pas à la Motion Picture Association et il est rapidement blacklisté et considéré comme un fauteur de trouble à Hollywood. Tout cela revient une fois de plus à la guerre, son vécu se retranscrit sur son métier de cinéaste.
The Wild One est donc un coup de force visuel. C’est une plongée magnifiquement écrite dans le lourd passé d’une figure controversée du cinéma. Un moment aussi émouvant qu’instructif.
The Wild One est sorti le 10 mai 2023 en France, le documentaire est actuellement disponible en VOD sur Amazon Prime et MyCanal
Avis
Le long métrage est un moment émouvant, intense à vivre. On est avec Garfein du début à la fin et on a envie de traverser l’écran et de le prendre dans nos bras tant il est touchant.