Présenté à la Mostra de Venise, The Smashing Machine est le premier film solo de Benny Safdie après sa séparation avec son frère (Good Times, Uncut Gems). Abandonnant le film de genre, le réalisateur s’attaque à conter l’histoire de Mark Kerr, pionnier de l’UFC et cette fois incarné par un Dwayne Johnson littéralement transformé à l’écran !
The Smashing Machine a décroché le Lion d’Argent de la meilleure réalisation lors de la dernière Mostra de Venise ! Derrière ce titre, se cache en réalité un biopic centré sur Mark Kerr. Initialement catcheur, il a abandonné la MMA pour être un des tous premiers combattants de l’histoire de l’UFC à la fin des années 90.
Solo Safdie
Fait intéressant : les frères Safdie (le très bon Good Time et le sensationnel Uncut Gems) n’existent plus, préférant chacun faire leur biopic sur une figure sportive oubliée. Benny Safdie (également vu en tant qu’acteur chez Christopher Nolan dans Oppenheimer et L’Odyssée) s’attelle donc en solo à ce The Smashing Machine, quelques années après qu’un documentaire du même nom levait le voile sur la figure de Mark Kerr.

Pour les besoins de ce biopic se déroulant de 1997 au début des années 2000, c’est Dwayne « The Rock » Johnson qui se mue dans la peau de Mark Kerr ! Un virage artistique détonnant pour celui qui parvenait régulièrement à gouverner le box-office jusqu’à l’échec cuisant de Black Adam. Une métamorphose convaincante dès le premier coup d’œil, maquillage et perruque comprise, tandis que le Rock propose un travail de composition qu’on ne lui connaissait pas.
En effet, l’acteur tout en muscles propose une diction et une gestuelle propre à Mark Kerr, épaulé évidemment par la mise en scène auprès des corps de Benny Safdie. Le résultat est instantané, si bien qu’on oublie Dwayne Johnson et son charisme inébranlable pour complètement acheter cet outsider tentant de se créer une place au sein d’un sport encore non-reconnu, où tel un Far West du ring, tous les coups ou presque sont permis pour vaincre autrui.
Trajectoire sans surprises
Pourtant, The Smashing Machine ne révolutionnera absolument rien dans sa structure narrative galvaudée, oscillant entre compétitions au Japon et vie privée contrastée, ainsi que la dualité entre ces deux aspects régissant le quotidien de Mark Kerr. Si on compare cela au documentaire éponyme, le film de Benny Safdie n’apportera que peu de biscuit, y compris si on le considère comme un pur film sportif.

Loin de l’énergie électrique des précédents Safdie, le film maîtrise sa mise en scène caméra à l’épaule (grain 90’s compris pour un rendu plus authentique) tout en laissant l’espace nécessaire aux acteurs. La réalisation se déploie réellement lors des quelques matchs, films le plus souvent près du sol et des limites du ring, tout en nous faisant ressentir chaque coup de manière viscérale au moyen d’un très bon sound design.
La meilleure performance de The Rock
Si le récit sportif entre gloire et échecs ne propose rien de bien inédit, le cœur de The Smashing Machine tient surtout dans l’intimité que le personnage partage avec sa compagne Dawn (Emily Blunt est excellente comme d’habitude). Une relation dysfonctionnelle et tumultueuse qui pourrait avoir des airs de déjà-vu à base de toxicité, d’ambivalence émotionnelle et de caractère borderline. Pourtant là encore, le film offre un regard réaliste sans forcer le trait, gouverné par la performance de The Rock.

C’est simple, The Smashing Machine appartient entièrement à un Dwayne Johnson voulant prouver ses capacités à endosser un vrai rôle. Et le pari est réussi, permettant de mieux montrer les fêlures derrière la gigantesque carapace de ce personnage herculéen. Le principal intérêt donc, en plus d’offrir un baroud d’honneur à un Mark Kerr apparaissant en chair et en os. Un acteur renaît, et un sportif a sa sortie sur le tapis rouge : pas mal, même si un tantinet attendu dans son traitement !
The Smashing Machine sortira au cinéma le 29 octobre 2025
avis
The Smashing Machine ne surprendra sans doute pas via sa structure narrative aux motifs galvaudés au sein du genre du biopic sportif. Pourtant, la caméra près des corps de Benny Safdie, la reconstitution 90's et l'excellente performance d'un Dwayne "The Rock" Johnson transfiguré dans son premier vrai rôle de composition offrent une certaine authenticité à l'ensemble, dévoué à redonner ses lettres de noblesse à Mark Kerr. Pas mal !

