On connaît bien la chanson. En général, lorsque les morts reviennent à la vie, ça part rapidement dans tous les sens. C’est pourquoi The Funeral surprend, avec une proposition originale et toute fraîche venue de l’imagination de Orçun Behram.
Cemal, un conducteur de corbillard solitaire, se voit un jour confier une tâche mystérieuse : une jeune fille nommée Zeynep (Cansu Türedi̇) a été sauvagement assassinée et le corps doit être convoyé par la route à sa famille dans l’est du pays. En chemin, lors d’une nuit, il ouvre les portes arrière du fourgon et entend d’étranges grognements émanant du corps de la défunte. Il vérifie alors son pouls, mais elle n’en a plus. Fasciné par la beauté spectrale de la jeune fille, Cemal (Ahmet Rifat Şungar) en tombe peu à peu amoureux et commence à tuer des gens pour la nourrir…
De tous les films de zombies qui existent, celui qui pourrait s’en rapprocher le plus dans l’approche du genre, c’est Bones and All (2022) réalisé par Luca Guadagnino. Orçun Behram traite l’univers de son long-métrage d’une manière très réaliste, avec une direction artistique très naturelle, une photographie épurée et écrue, quasi morbide. Le réalisateur s’accorde quelques micros touches de couleurs à un seul moment clé, sur la bascule vers le fantastique (et encore, on parle d’une lumière en arrière-plan).
The Funeral, c’est aussi un road movie. Orçun Behram nous propose de voyager avec son duo de personnages au travers de la Turquie. A mesure de leur avancée géographique, les personnages évoluent, le genre du film également. Si on commence dans une sorte de drame romantique horrifique, le film ira plutôt vers une sorte de thriller horrifique avant de finir en survival. Cela permet au film de se renouveler, de revenir à la vie, tout comme le personnage revenu d’outre-tombe, Zeynep.
Pour survivre, Zeynep doit se sustenter. Les personnages traversent alors de nombreuses étapes ensemble afin de trouver la solution la plus judicieuse. En découle des scènes plutôt perturbantes, avec un héros qui se laisse d’abord dévorer par la jeune défunte, avant de basculer dans une sorte de folie passionnée pour sortir chasser du gibier humain et se transformer en une sorte de serial killer. Si l’approche est plutôt réaliste, on notera aussi les quelques scènes complètement allégoriques du film, qui donnent un sentiment d’intimité de la part du réalisateur, mais aussi et surtout que le film sort de ses tripes.
Même si celles-ci sont peu nombreuses, on aura néanmoins un peu de mal à les expliquer ou à les analyser. Orçun Behram semble raconter un sous-texte dont seul lui détient les clés. Est-ce un véritable problème ? Pas vraiment. Celles-ci permettent aussi de donner ou du moins suggérer d’où vient Zeynep et ce qui lui serait arrivé. On pardonnera au moins ça à The Funeral, étant donné la véritable proposition de genre que fait son metteur en scène.
Si The Funeral demeure intéressant et touchant d’une certaine manière, le long-métrage aura sans doute du mal à trouver une exploitation en dehors des festivals. L’approche quasi film d’auteur de Orçun Behram lui donne un côté intellectuel vraiment intéressant, sans jamais être prétentieux ou tout much, mais peut-être un peu trop éloigné des standards attendus dans le grand divertissement. On dira que The Funeral, c’est pour les curieux ou les passionnés du genre et du fantastique.
The Funeral est actuellement en compétition au 31e Festival International du Film Fantastique de Gérardmer
AVIS
The Funeral est un film assez curieux à découvrir, mais qui reste un film de niche, loin des codes du divertissement plus classique.