The Father raconte la trajectoire intérieure d’un homme de Anthony, dont la réalité se brise peu à peu sous nos yeux et ceux de sa fille.
The father est l’histoire d’un vieil homme dont le quotidien se morcelle chaque jour un peu plus tandis que la réalité des choses lui échappe peu à peu. C’est aussi l’histoire d’une relation père-fille poignante, faite d’amour, de dévouement, d’impuissance. Et enfin, The Father c’est une adaptation brillante, un casting formidable, et un moment de cinéma récompensé de deux Oscars qui laisse sans voix.
À vos larmes, prêts, partez !
Rentrons tout de suite dans le vif du sujet ! Nous n’avions pas été aussi émus par un film depuis 7. Koğuştaki Mucize. Et autant vous dire que cela fait du bien de retourner au cinéma pour vivre de telles émotions ! En même temps, un film de Florian Zeller (précédemment adapté au théâtre), avec Anthony Hopkins et Olivia Colman à l’affiche : il y avait de quoi s’y attendre. Il n’empêche qu’on se prend quand même une sacré claque face à tant de talent.
Alors, forcément, si on a un parent un peu âgé, difficile de ne pas se projeter dans cette histoire saisissante de réalisme. Celle d’un vieil homme, Anthony, dont la santé mentale s’effrite de plus en plus chaque jour malgré tout l’amour, les sacrifices et le dévouement de sa fille qui tente de l’accompagner au mieux dans cette étape de vie douloureuse. Mais, évidemment, face aux obstacles de plus en plus nombreux qui se dressent, le chemin vers la résignation se fait inévitable.
Une expérience de confusion inédite !
Tout est d’une grande justesse dans ce film. Le jeu des acteurs, l’évolution des personnages, la mise en scène, la réalisation, la musique de Ludovico Einaudi : de la dentelle ! Et c’est avec beaucoup d’habileté que Florian Zeller nous plonge dans la tête d’Anthony. On est dérouté, déstabilisé par certaines successions de scènes, par des détails, des paroles, des décors qui évoluent, des situations que l’on ne comprend pas, des enchaînement qui nous perdent. Qui dit la vérité ? Que se passe-t-il vraiment ?
Et c’est précisément là que le film réussit un coup de maître ! En nous déstabilisant ainsi, en suscitant des incompréhensions, une perte de repères, il nous amène à ressentir ce que vit cet homme. À plonger sans bouée dans sa réalité, ses incohérences ; à explorer cette sensation d’égarement, d’inconfort, de perte de sens. Jusqu’à une scène finale d’une puissance rare. Probablement même l’une des scènes les plus bouleversantes du cinéma. Âmes émotives, préparez vos mouchoirs !
Le talent à son paroxysme
Le jeu des acteurs mérite que l’on y revienne. Leurs expressions de visage, leurs silences, la présence qu’ils dégagent : tout sonne si vrai que même là, on se demande parfois où s’arrête la fiction. C’est simple : ils sont tous brillants. Et avec Anthony Hopkins interprétant un personnage prénommé Anthony, il y a de quoi semer un peu plus le trouble ! On s’attache à eux et à leur histoire qui est finalement un peu celle de chacun.
On sent bien, d’ailleurs, que l’acteur a du aller puiser des émotions très personnelles pour incarner de la sorte un homme confronté à l’extrême à sa propre vulnérabilité. Un instant charmant, l’autre cruel, il démontre là encore un talent immense à la hauteur duquel Olivia Colman se dresse sans mal. Son émoi devient le nôtre face à ce père devenu soudain imprévisible, fragile, déjà tellement absent. Une tranche de vie déchirante, et un moment de cinéma inoubliable.