The Book of Boba Fett vient d’achever sa première saison, non sans émotions contradictoires. Du fade au fan-service goulûment servi, on revient sur cette proposition plus que bancale.
The Book of Boba Fett avait, selon notre critique du pilote, débuté sur des notes plus que négatives. Robert Rodriguez de retour (pour le pire) à la réalisation, une histoire fade et des interprètes dénués de charisme, un ressenti empli de déception que n’aura eu de cesse de cultiver cette première saison, pourtant toujours chapeautée par Jon Favreau. Néanmoins, ces sept épisodes ont aussi su maladroitement nous surprendre, entre ratés risibles et un fan-service presque écœurant.
Le bonus en moins
The Book of Boba Fett laisse ainsi ce drôle de sentiment d’inabouti au terme de ses sept premiers épisodes. Si ce constat aurait pu s’avérer pire, notamment sur des épisodes réalisés par Robert Rodriguez (décidément toujours lui), on reste ainsi plus que dubitatifs face à certaines propositions de cette série oscillant entre pure léthargie et maladroit cadeau fait aux fans. Parce que les meilleurs épisodes demeurent ceux réalisés par Bryce Dallas Howard et Dave Filoni, mettant en scène The Mandalorian, et qu’on a ici plus l’impression que Boba Fett ne demeure qu’un invité ressuscité uniquement pour le seul plaisir des amoureux de la saga.
Adoucis, apaisés, malmenés, le sort du taiseux chasseur de primes ainsi que la mythologie Star Wars en prennent ainsi un sérieux coup en voyant de redoutables (et fascinants) personnages passés à la Javel. Le sort réservé à Boba Fett et à Fennec Shand, ainsi qu’au fameux Krrsantan laissent ainsi dubitatifs, comme de l’ajout, purement et simplement ridicule des fameux jeunes améliorés technologiquement paradant sur leurs scooters colorés. Inutiles, fades on a ici l’impression de voir le pire du cinéma de Robert Rodriguez (coucou Spy Kids 3) maladroitement se greffer à l’univers Star Wars. Parce qu’outre sa proposition, lorgnant ici ouvertement vers le récit mafieux en mode western, rien ici de ce qui n’est proposé ne fonctionne, jusqu’à un final grossier enfermant définitivement la série dans le bonus deluxe, mais dénué du moindre intérêt.
The Book of Mando Fett
Vouloir creuser la personnalité des Tuskens était ainsi une réelle bonne idée, malheureusement torpillée par une conclusion abrupte et un soi-disant morceau de bravoure, une attaque de train, platement exécutée. À l’image du rythme, fonctionnant uniquement dans la première partie de la série sur des flashbacks, plus intéressants et semblant fuir une histoire fade et attendue. Malheureusement, Jon Favreau et son équipe semblent tellement peu inspirés par Boba Fett qu’ils paraissent comme contraints de raccorder leur belle réussite et tout ce qu’il en découlait, de l’ambiance aux personnages et à la musique, de The Mandalorian. La solitude du héros, confronté à son ordre envers lequel il a failli, ainsi que ses retrouvailles avec Grogu, comme de ses multiples sacrifices, demeurent ainsi le véritable cœur émotionnel de The Book of Boba Fett.
À vouloir en faire trop, l’épisode de Dave Filoni, malgré tout son amour pour ses personnages, semble ainsi sonner comme une réconciliation avec les fans au cœur d’une série bancale. Plus un cadeau qu’un véritable apport pour l’histoire, la série semble ainsi se la rejouer nostalgie morbide de type Ascension de Skywalker, qui sans idées, jouait à fond cette carte pour tenter de raccorder maladroitement sa minuscule histoire. Si dans The Mandalorian, le retour de Luke Skywalker s’avérait être le point culminant d’une quête éprouvante, son retour dans The Book of Boba Fett se relève ainsi plus grossier. Cependant, même en y ajoutant une toute belle équipe pour un final vendu comme pétaradant avec un Rancor lâché en pleine rue, rien ne semble fonctionner.
Cadeau empoisonné
En bref, l’énergie créatrice, les personnages et les multiples influences cinématographiques de la saga initiée par George Lucas semblent ici réunies pour la plus mauvaise des raisons. Celle, presque tenue dans The Mandalorian, de transfigurer des rêves de fans en proposition aboutie et apportant réellement quelque chose à la saga Star Wars. Si le modèle avait su montrer de très belles choses auparavant, il y avait quelque chose de miraculeux et d’inattendu après le gros cafouillage cinématographique de la postlogie. La franchise, au cinéma comme sur Disney+, a pu nous prouver que ce n’est pas en s’enfermant dans un glorieux passé que l’on peut continuer à piller sans la moindre imagination que l’on peut proposer de nouvelles (sur le papier) propositions.
Malheureusement, il n’en est ici rien qu’une fade démonstration, aussi bancale qu’inaboutie, que l’on aurait presque préférée laissée digérée dans la gorge d’un Sarlacc en plein désert.