Seinen mêlant folklore antique et médiéval, The Alexis Empire Chronicle nous présente un univers aussi dense qu’impitoyable.
Léonate, héros de The Alexis Empire Chronicle, est surnommé prince Nosferatu (et pas Nosferapti) car il hait profondément le pouvoir en place. Pour cause, il est à l’origine de la mort de sa chère tantine. Noyé par sa rage qui, selon les rumeurs le transforme en ogre buveur de sang, il se met en quête de vengeance. Ce seinen adapté d’un roman est en cours avec 4 volumes actuellement au Japon et 1 en France aux éditions Doki Doki. Attention, il s’adresse à un public averti : tripes à l’air et viols sont au programme.
Un seinen qui monte sur ses grands chevaux…
The Alexis Empire Chronicle nous sert sur un plateau d’argent une myriade de références à diverses périodes historiques. En somme, ce seinen nous présente l’Histoire avec un grand H. Les plébéiens romains côtoient naturellement un banquier moderne et la Liberté Guidant le peuple s’incruste à la page 205. Soulignons toutefois qu’il s’insère dans un cadre majoritairement inspiré de l’Antiquité et du Moyen-Âge. Ce joyeux mélange déroute au départ, mais on se prend rapidement au jeu de retrouver toutes les allusions.
Dans ce cadre multi-temporel, s’insèrent des personnages pour le moins badass. On notera la surprenante tantine suzeraine d’Alexis, Rosalia, dégageant une autorité hors du commun sans dévoiler un centimètre de poitrine ! La prestance devant s’hériter, les planches sombres et maculées de sang représentant Léonate enragé sont du plus bel effet.
L’auteur de cette aventure se révèle grand connaisseur de l’histoire au vu de l’importance accordée à la symbolique. The Alexis Empire Chronicle s’envisage comme la folle construction d’une légende autour de Nosferatu, le prince vampire (réf’ tout droit sortie du mythique Dracula). Découvrir le singulier destin de Léo, non seulement via ses actes hors du commun mais aussi dans l’élaboration de rumeurs et récits autour de son effrayante légende. Exaltant, n’est-ce pas ?
…mais qui trébuche devant quelques obstacles
Grande épopée, The Alexis Empire Chronicle s’ouvre sur un prologue défiant les lois de la longueur. 169 pages d’introduction, sur un généreux total de 242. Si ce prologue accomplit dans le même temps l’exploit de survoler l’enfance de Léo, il ne parvient à poser des bases solides pour la suite de l’histoire. Recueilli par sa tante, il combat près d’elle pour protéger Alexis avant qu’elle ne tombe aux mains de l’ennemi; source de sa rage. La stratégie guerrière y est effleurée, les fondements de la rage de Léo pas assez explorés et ses liens avec ses compagnons à l’état embryonnaire. Un prologue, en somme, fébrile.
Tout comme les dessins, non pas dans leur finesse car le trait est très bien maîtrisé, mais dans leur maturité. Si Yû Satô se surpasse lors des planches clés, l’ensemble fait plus shonen. Léo et ses amis ont l’air d’ados lambdas de shonen catapultés en pleine guerre. Traduisant un charadesign peu ambitieux et des visages encore trop ingénus.
Dans la légende
The Alexis Empire Chronicle satisfait tant les néophytes en histoire désireux de suivre un héros singulier que les férus ravis de retrouver pléthore d’évocations à des termes culturels. L’importance accordée à la création d’un récit folklorique ajoute une touche de profondeur au récit. Penchant ainsi tantôt dans les petites chamailleries entre amis et tantôt dans le cru, ce seinen alterne judicieusement les registres pour offrir une expérience complète à ses lecteurs.