Eli Roth (Hostel, Knock Knock, Green Inferno) revient avec Thanksgiving : un slasher adaptant sa propre bande-annonce fictive présentée 15 ans plus tôt à la sortie du Grindhouse de Robert Rodriguez & Tarantino. En résulte un film d’horreur trop attendu pour se démarquer, mais réjouissant dans son festival de violence !
En 2007, Eli Roth confectionnait une bande annonce fictive Thanksgiving pour le projet Grindhouse (Planète Terreur de Robert Rodriguez et Boulevard de la Mort de Quentin Tarantino). Un trailer enthousiasmant et gonzo qui a donc aisément entretenu le fantasme d’une réelle adaptation (comme pour Machete). C’est désormais chose faite !
Thanksgiving débute donc en 2022 lors de la fête américaine éponyme, coincée entre Halloween et Noël. Nous découvrons plusieurs personnages (adolescents, leurs parents, le shériff de la ville de Plymouth) se réunissant à minuit devant un RightMart alors que le Black Friday débute. Malheureusement, cette baisse des prix va engendrer une terrible émeute se muant en festival de violence. En résulteront même la mort de deux personnages !
Un an plus tard, Jessica et ses amis Evan, Gabby, Scuba, Yulia et Bobby découvrent qu’un mystérieux tueur déguisé en John Carver (un des colons pionniers ayant fait le voyage jusqu’au Massachusetts) massacrent chaque personne présente lors de cette nuit funeste de Thanksgiving. Alors que le groupe est tagué par ce même tueur sur les réseaux sociaux, les fêtes de fin d’année s’annoncent plus saignantes que d’habitude.
Petit slasher illustré
Après plusieurs films d’horreur à la qualité douteuse, cela fait plaisir de voir Eli Roth revenir à un concept de slasher simple. En effet, point de révolution dans Thanksgiving, qui dès son plus introductif renvoie au chef-d’œuvre Halloween de John Carpenter, avant de directement bifurquer vers une rupture de ton à la Scream. Une note d’intention qui est le mantra global du film, à savoir à intervalles réguliers un petit slasher illustré et une virée grand guignolesque se jouant des codes.
Il faudra cependant se farcir une trame générique, aux personnages tout aussi fonction, n’allant jamais réellement plus loin qu’un aspect terriblement programmatique. Ainsi, sur 1h45 de métrage dont le rythme aurait pu être encore plus ramassé, c’est bien dans les saillies de violence que Thanksgiving trouve son réel intérêt. Ne réinventant rien, Eli Roth parvient tout de même à proposer quelques jolis moments de tension emballées par une mise en scène appliquée.
Le look du boogeyman John Carver n’y est d’ailleurs pas pour rien, tel un Michael Myers à la dégaine plus pittoresque, remplaçant le couteau par une hache, une fourche ou bien une corde de piano. Des instants de mise en scène tenus tout simplement, avant que la réelle identité du tueur soit dévoilée, pour un danger bien amoindri. Et si le métrage empile par instants des invraisemblances situationnelles, c’est pour mieux jouer avec les nerfs du spectateur (et ceux des personnages pris pour cible).
Pas de restes à table
Le tout parsemé d’éclats gores tout à fait régressifs et réjouissants, dans des mises à mort ne lésinant pas sur l’hémoglobine et même le burlesque (à l’image de cette victime préparée et cuite comme une dinde). C’est justement lorsque Thanksgiving place son slasher dans ce contexte de fête américaine (avec le discours initial sur les dérives de notre société de consommation) qu’il parvient à trouver sa singularité dans ce genre ultra codifié.
Des codes désormais connus depuis des dizaines d’années, n’épargnant pas un trombinoscope de personnages aussi impersonnels et interchangeables les uns que les autres. L’écriture n’évite ainsi pas les clichés et autres raccourcis gros comme le nez sur la figure, jusque dans son climax évoquant déjà une inévitable suite. Un résultat bicéphale en somme, symptomatique des dérives subies par le genre depuis plus d’une trentaine d’années, mais qui a néanmoins quelques réjouissances à proposer dans son programme attendu.
Thanksgiving sortira au cinéma le 29 novembre 2023
avis
Thanskgiving présente tous les travers du slasher moderne, à base de personnages fonction, d'une écriture programmatique et de tendances grandguignolesques diluant ses velléités Grindhouse initiales. Et pourtant, Eli Roth sait aussi proposer de jolis moments de tension, flirtant à la fois avec l'horreur et la jubilation graphique bien fendarde. De quoi élever un tantinet ce petit slasher illustré via son contexte pittoresque.