Les deux timides nous offre une adaptation moderne, enthousiasmante et finement interprétée de la comédie-vaudeville d’Eugène Labiche.
Représentée pour la première fois à Paris en 1860, Les deux timides, de Labiche, s’offre ici un bon bain de fraîcheur ! La pièce nous embarque avant même de commencer vraiment, et c’est en musique que l’on s’installe dans la maison Thibaudier, pour une petite heure réjouissante. Nous y allions presque sur la pointe des pieds pourtant, un peu frileux du vaudeville que nous sommes ! Mais c’est en les traînant que nous sommes repartis, finalement frustrés que cela prenne si vite fin ! Une très belle découverte donc.
Pas le temps de s’ennuyer
C’est qu’il y a du rythme dans cette pièce peu connue de Labiche ! Et c’est d’ailleurs ce qui fait que le temps passe vite : rien n’est de trop, rien ne traîne en longueur, tout a du sens. Et on est plongés dans le vif du sujet dès les premiers instants ! L’histoire est simple mais efficace. Cécile, la fille du vieux – et drôle malgré lui – monsieur Thibaudier (un timide maladif merveilleusement interprété par Kirill Nikolaev le jour de notre venue), a deux prétendants. Le premier, préféré par son père, n’a pour passion que sa manucure ! Le second est quant à lui tellement timide qu’il est un « avocat qui ne plaide pas » ! Ce dernier, vient tous les jours devant la maison de Cécile pour demander sa main à son père… sans jamais oser entrer. (Attention spoil !) Jusqu’au jour où… !
Tout en finesse
Réjouissant est le premier mot qui nous vient pour parler de cette pièce ! La mise en scène de Kirill Nikolaev est à la hauteur de la distribution, c’est à dire de qualité. Tout fonctionne sans fausse note et s’enchaîne avec fluidité dans cette adaptation intelligemment pensée où aucun détail n’est laissé au hasard. Les situations comiques s’enchaînent, toujours empruntes d’une certaine tendresse. On rit notamment beaucoup lors de la rencontre entre « les deux timides », et des tentatives successives du père qui tente à tout prix d’éviter le sujet qui les réunit ! Quelques interludes musicaux bien choisis viennent également s’intégrer à la pièce, sans que cela n’apparaisse comme des fioritures.
De l’humour bien dosé
Dans un genre comme celui-là, où l’humour a une place de choix, l’un des défis est justement d’éviter la surenchère. Tout un art. Car le risque pour le comédien – porté par les rires du public – de basculer vers l’excès et/ou le grossier est présent. Mais dans Les deux timides, où les situations comiques ne manquent pas, les comédiens restent tous parfaitement à leur place. Leur jeu est juste, fin, et humble. Ce qui rend chacun d’eux d’autant plus attachant ! Leur énergie est communicative et fait du bien. D’autant que c’est aussi la précision – jusqu’au bout des doigts ! – de l’incarnation de leurs personnages qui déclenche les rires. Vous avez encore un doute ? Allons, ne soyez pas timide, foncez ! Vous ne le regretterez pas.