Rose et Massimo est une pièce à la fois classique et moderne qui nous parle d’amour avec poésie, humour et élégance.
Avec Rose et Massimo, Félix Radu signe sa première pièce de théâtre. Connu pour son art de manier les mots, notamment dans son seul en scène Les mots s’improsent écrit à seulement 16 ans, celui que l’on compare souvent à Raymond Devos ou à Rimbaud s’offre ici un rôle sur-mesure.
Un matin, Aldo réveille son ami Massimo pour lui demander un service de la plus grande importance : le remplacer pour le cours d’italien qu’il est sensé donné à une princesse le matin-même. Massimo, qui ne parle pas un mot d’italien, accepte sans savoir que cette rencontre va faire basculer son existence… Une pièce charmante qui nous a révélé un comédien de talent.
À la croisée des chemins
Posons les choses tout de suite. Non, nous n’avions encore jamais vu Félix Radu sur scène. Et oui, nous en avons un peu honte. Mais voilà, c’est réparé, alors oublions ce petit raté ! D’ailleurs, heureusement que nous n’avons pas traîné pour découvrir cette pièce car toute la foule d’Avignon semble s’être donné le mot ! Il faut dire que Rose et Massimo est une pièce à part…
C’est l’histoire, non pas d’une mais de plusieurs rencontres. Celle, bien sûr, de cette princesse et de ce jeune poète qui n’ont rien en commun sinon l’amour qu’ils vont rapidement se porter ; également celle entre ce texte du jeune prodige belge et un public impatient de le voir porté sur scène ; et c’est aussi celle entre le théâtre classique et le théâtre moderne. Et toutes ces rencontres sont belles et nous ravissent.
Rose et Massimo, un nouveau classique ?
En effet, Rose et Massimo emprunte aux grands classiques romantiques l’élégance de leur plume et leurs intrigues amoureuses romanesques, tout en s’inscrivant résolument dans la modernité. Il est vrai que, hormis le dénouement qui parvient à créer la surprise, tout est assez prévisible dans cette histoire d’amour aussi passionné qu’impossible. Le jeune homme qui s’éprend de la princesse, cette-dernière qui tombe sous son charme, puis le repousse à contre-cœur…
Mais ce n’est pas tellement dérangeant car ce n’est pas l’histoire en elle-même qui donne son intérêt à cette pièce. Non, c’est plutôt la manière dont elle est abordée qui nous charme. C’est cette finesse d’écriture que l’on retrouve également dans le jeu de l’auteur-comédien, en même temps que cette fougue poétique qui donne des ailes au texte et une épaisseur au personnage. Seule la mise en scène d’Alain Sachs surprend un peu, aussi bien dans les décors que dans les choix de musiques, par son côté dessin-animé qui tranche avec l’élégance de la prose de l’auteur.
Il était une fois Félix Radu…
Alors bien sûr, il y a aussi l’excellent Hugo Lebreton, que nous avons déjà eu l’occasion d’applaudir dans Là-bas, de l’autre côté de l’eau, et plus récemment dans Femmes en colère, qui nous embarque lui aussi dans son personnage d’Aldo, désespéré par la fuite de celle qu’il aime. Lou Noérie est, elle, une princesse charmante qui se laisse prendre au jeu de l’amour bien que sa situation l’oblige à un autre destin. Quant à Lionel Nocentini, il est un valet un peu mystérieux dont nous avons eu du mal à bien cerner les intentions.
Mais Félix Radu – on y revient – teinte son personnage d’une spontanéité et d’une naïveté si touchantes qu’il est difficile de ne pas avoir d’yeux que pour lui. C’est un être de cœur, on le sent bien, le spectacle vivant ne permet pas de tricher avec cela. Et le comédien manie la langue avec autant de dextérité et de nuances que le jeu. Il est un Massimo romantique, tendre, audacieux, mais aussi très drôle !
« Dormir, c’est mourir jusqu’à demain. »
On se régale tout particulièrement des premières scènes de rencontre avec la princesse « aux petits grands yeux bruns » à laquelle il est sensé donner des cours d’italien… alors qu’il n’en balbutie pas un seul mot ! D’esquives farfelues en pirouettes maladroites, il nous charme en même temps qu’elle. Et l’on aime les regarder se séduire, se chercher, s’empêcher, pris entre les pulsions du cœur et la raison, éternel duel…
Déjà programmée à Paris pour la rentrée, cette pièce semble promise à un joli destin. Quoi qu’il en soit, pourvu que Félix Radu continue à faire pousser les graines de notre enfance, à faire se rencontrer des princesses et des poètes, et à entrelacer leurs rêves. Pourvu qu’il continue à nous parler d’amour.
Rose et Massimo, de Félix Radu, mise en scène Alain Sachs, avec Lou Noérie, Félix Radu, Hugo Lebreton, Lionel Nocentini, se joue au Théâtre du Girasole, du 7 au 29 juillet, à 15h45 (relâche les lundis).
Puis, à partir du 25 septembre 2023, au Théâtre du Petit Montparnasse, à Paris.
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Avis
Le jeune auteur belge qui a reçu le prix Raymond Devos de l'humour pour son seul en scène Les mots s'improsent. Avec une poésie et une élégance évidentes, il parvient ici à faire se rejoindre des époques autour du plus intemporel des thèmes de la littérature. Un joli hommage au théâtre.