On avait un a priori sur Red Sparrow : celui d’assister à un énième ersatz de Nikita, voire un petit côté Atomic Blonde. Mais ici, l’action s’efface au profit d’une manipulation désagréablement délicieuse.
Fragile. À l’image de son héroïne à ses débuts, le film de Francis Lawrence (les trois derniers volets de Hunger Games) montre des signes de fébrilité. Trop long, assez cliché par moment et ne reposant que sur les épaules de Jennifer Lawrence – la belle occupant quasiment toutes les scènes -, il suffirait d’un rien pour que Red Sparrow s’écrase en plein vol.
Bien pensé. Le long-métrage se montre pourtant assez malin pour tenir la distance, notamment grâce à un scénario habile. En souillant plusieurs fois le corps de sa tête d’affiche, Red Sparrow crée le malaise, la gêne, le dégoût. Sauf que rien n’est gratuit et à chaque fois qu’elle se dénude, la jeune fille se métamorphose, prend le pouvoir. On assiste ainsi à un lent retournement de situation où celle qui n’était que l’objet des hommes, devient leur bourreau. Machisme et féminisme s’affrontent sur le même terrain : celui du corps, et c’est ainsi que la possédée se transforme en possédante. On a fait plus délicat, mais on a fait beaucoup moins efficace.