Netflix marque un très grand coup avec la série documentaire Le Petit Grégory en cinq épisodes. Quel est le secret de la plate-forme pour revisiter l’affaire datant de 1984 et en faire LE documentaire de référence sur l’affaire ?
Une affaire criminelle française des années 80
La série documentaire Netflix le petit Gregory fait référence à une affaire criminelle française datant du 16 octobre 1984. Ce jour-là, les parents de Gregory signalent la disparition du petit garçon alors âgé de 4 ans. Le corps de l’enfant sera retrouvé dans la soirée, à quelques kilomètres de son domicile, immergé dans la Vologne, une rivière des Vosges. Le crime succède à plusieurs années d’appels et courriers anonymes menaçants, reçus par la famille de Grégory par un individu non identifié qu’on surnommera « le corbeau ».
L’opinion publique est profondément marquée par cette affaire : une photographie du petit Grégory prise lors du repêchage de son corps le montre ligoté en une de la presse et suscite l’émoi. Le crime bouleverse la France entière tant le mystère sur les motivations du meurtrier et les circonstances du drame sont nébuleuses. Ce crime reste aujourd’hui non élucidé.
Un hommage à Clouzot
L’utilisation du mot « corbeau » pour qualifier l’auteur des appels anonymes est une référence directe au film « Le Corbeau » de Henri-Georges Clouzot (1943). Le film débute dans un petit village de province dont les habitants reçoivent des lettres anonymes signée « Le Corbeau » contenant des informations diffamatoires et des menaces. Dans le film, les courriers anonymes précèdent plusieurs crimes.
Dans la série Netflix, on retrouve des scènes tirées du film de Clouzot mais également des reproductions de scènes mythiques, telles que la scène des jeux d’ombre et de lumière pour illustrer la difficulté de discerner le bien du mal, et la vérité du mensonge.
Ces images donnent une portée symbolique au récit : d’abord parce-que les rebondissements de l’affaire (rétractations de témoins, courriers et appels anonymes, meurtre d’un suspect) rendent poreuse la frontière entre réalité et fiction. Ensuite, parce-qu’il n’est pas question de trouver un unique coupable mais de s’interroger sur la part de responsabilité de chacun dans le crime et la conduite de l’affaire : juges, journalistes, gendarmes, policiers, grand public…
Des témoignages inédits
Autre fait marquant de cette série criminelle, elle est très documentée et divulgue des témoignages et des images inédites. Ils permettent de mettre en évidence les agissements du juge Jean-Michel Lambert, qui sera souvent décrié pour son manque de professionnalisme et son égocentrisme.
S’ajoute à cela une véritable réflexion sur les conséquences judiciaires de la médiatisation importante de l’affaire. Nombre de journalistes avaient leur sentiment profond sur le cas, n’hésitant pas à noyer leurs articles sous leurs convictions personnelles et sous-estimant l’effet de leurs actions sur la vie des présumés coupables et sur le cours de l’enquête.
Enfin, la série Netflix aborde le conflit entre gendarmerie et police. Les propos de l’ancien policier Jacques Corazzi seront d’ailleurs vivement critiqués peu après la parution du documentaire : misogynes et méprisants à l’encontre de Christine Villemin (la mère du petit Grégory), il suscitera même l’indignation des époux Villemin dans la presse.
En résumé, la série est richement documentée et les questions soulevées par le documentaire en font un véritable outil de réflexion sur la société contemporaine et la justice des hommes.
« Grégory » est disponible sur Netflix depuis le 20 novembre 2019.
Cette critique vous est proposée par notre partenaire Qoqonaute Setti, créateur des boxs culturelles mensuelles Le Qoqo, personnalisables et à thème. Pour secouer le qoqo des parisien(ne)s au quotidien !