OVNI(s) , nouvelle création originale CANAL+, débarque en ce début d’année compliqué pour nous rassembler tous, les yeux rivés vers les étoiles.
Et si OVNI(s) était la vraie bonne nouvelle de ce début d’année ? La série signée Martin Douaire et Clémence Dargent en relève pourtant l’audacieux défi. Les douze épisodes de trente minutes mis en scène avec un fétichisme gourmand par le talentueux Anthony Cordier et menés par un casting impeccable font d’OVNI(s) une bulle à part, ainsi que le véritable rendez-vous séries de ce début d’année. Pétrie d’amour pour ses personnages, rythmée et enjouée, la proposition de Martin Douaire et Clémence Dargent paraît en effet être une attachante rencontre entre le complotisme et l’insouciance de la fin des années 70 pour une déclaration d’amour aux rêveurs.
Doux rêveurs
OVNI(s) n’entend se moquer de personne. En suivant le parcours personnel et professionnel chaotique de Didier Mathure, (superbement porté par Melvil Poupaud) ingénieur spatial qui voit sa fusée exploser en plein vol, l’on y découvrira le cheminement d’un personnage cartésien se prenant soudain à douter des théories scientifiques qui l’ont mené tout droit vers le GEPAN, un bureau d’enquêtes spécialisé sur les ovnis dont l’équipe se trouve être aussi originale que les appels qu’elle reçoit.
L’ouverture au questionnement est ainsi au centre d’OVNIS(s) et de cet homme qui n’a que trop laissé sa vie de famille pour se consacrer aux étoiles. À la rencontre de l’équipe du GEPAN, menée par le toujours impeccable Michel Vuillermoz, Quentin Dolmaire vu dans le Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin et la lumineuse révélation Daphné Patakia. Sans oublier Didier Mathure qui servira donc les yeux du spectateur découvrant OVNI(s) et ce synopsis pas si insolite qu’il n’en a l’air.
Parce qu’OVNI(s), en plus de bénéficier d’une reconstitution et d’une réalisation soignées (et de la brillante bande-originale de Thylacine) ne fait jamais l’erreur de juger ses personnages. Martin Douaire et Clémence Dargent font ainsi du GEPAN un repère de doux rêveurs cohabitant avec de trop sérieux voisins qui se contentent de moquer ces sympathiques hurluberlus et leurs théories fondées sur un doute dont aucun d’entre eux ne peut s’accommoder dans leurs études. Comme l’affrontement entre théories complotistes et scientifiques, ce qu’entend raconter OVNI(s) est que la cohabitation des deux reste pourtant primordiale.
OVNIVERSEL
Parce qu’OVNI(s) transfigure rapidement la croyance en l’au-delà en une ouverture aux autres, le ton de la comédie se fait aussi efficace qu’attachant, ne trahissant jamais la poésie juvénile de ses personnages principaux. Si les trente minutes d’épisode paraissent ainsi aussi frustrantes c’est parce que l’on éprouve instantanément un attachement tout particulier aux protagonistes de la série de Martin Douaire et Clémence Dargent et que leur insouciance paraît être un incontournable remède à une période compliquée, où le rêve peut enfin cohabiter avec une période de pandémie et d’incertitude.
La fin des années 70 et la naissance d’idéaux à contre-courant des valeurs établies semble ainsi être le terreau idéal dans lequel OVNI(s) s’épanouit avec un plaisir réellement communicatif. Comme un miroir fantasmé de notre époque des questionnements métaphysiques à la naissance du mouvement écologiste en passant par une croyance toute particulière au fameux “on ne nous dit pas tout”, tout ce que semble raconter OVNI(s) semble proche de nous, à cela de près que Valérie Giscard d’Estaing nous a malheureusement quittés récemment.
L’on ne saurait donc que trop vous conseiller d’aller scruter les étoiles avec OVNI(s), bulle fantaisiste et rêveuse d’un temps pas si éloigné du nôtre, où complotistes et scientifiques pourraient enfin se prendre la main pour travailler ensemble à de meilleurs lendemains. Et enfin se comprendre l’un et l’autre.