Origin, du célèbre Boichi, remet en question la définition de l’humanité à travers le parcours d’un robot oeuvrant pour la paix.
Origin nous plonge en 2048 dans un Japon en proie au chaos. Les robots y détiennent une intelligence extrêmement élevée et une apparence identique aux humains. Les frères et sœurs d’Origin tournent cette situation à leur avantage en commettant des crimes. Le protagoniste éponyme, au contraire, est programmé pour œuvrer contre le mal. Une lutte fratricide s’engage alors pour rétablir la paix. Origin s’est conclu en 10 volumes et est édité par Pika en France.
Robot à tout faire
L’intrigue de ce seinen va droit au but. En 10 volumes chrono’, Origin connaît une évolution fulgurante tant physique que psychologique. Boichi transforme son personnage de simple petit robot à machine de guerre surpuissante qui éprouve des sentiments et surtout développe un ego. Chaque évolution découle de combats opposant le Bien au Mal. Le style dynamique et extrêmement détaillé de l’auteur promet dès lors des chocs exaltants.
L’intrigue laisse aussi place au craft de corps robotique, Origin n’hésite pas à risquer la destruction totale à chaque affrontement, et à des ralentissements propices à l’introspection. Le trait fin de Boichi sublime les corps mécaniques et des plans en contre-plongée soulignent la petitesse de l’humanité face à l’immensité de l’univers. Ce seinen s’envisage alors comme une quête de paix tant universelle qu’au plus profond de l’être.
Je pense donc je suis
Origin se révèle très philosophique. Boichi se penche sur les nombreuses similitudes entre les humains et les robots. Origin et Mai s’aiment malgré les différences et visent la paix seuls contre tous; robots et humains redoutables se dressent contre eux. Le Bien et le Mal s’immiscent tant dans les cœurs que dans les disques durs. Cette pacification initiée par un artificiel rompt de fait avec les scénarios courants opposant l’Homme aux robots corrompus.
L’auteur émet par ailleurs une thèse intéressante sur l’intelligence. Alors que l’on dissocie communément passion et raison, Boichi démontre que les émotions découlent de l’intelligence. Ainsi l’amour révèle progressivement chez Origin, dénué de cœur, sentiments puis ego, caractéristique propre à l’humain. Cette oeuvre ouvre sur les droits accordés aux machines, au-delà des dangers de la technologie déjà révélés à de maintes reprises.
Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort
Origin démontre qu’un être artificiellement créé peut œuvrer pour le Bien et plus étonnement, développer des sentiments au cours d’une évolution des plus spectaculaires. Ce seinen porté par la singularité graphique et scénaristique de Boichi mêle alors combats explosifs dont la puissance monte crescendo, à des passages profonds.
Le dixième et dernier volume du seinen Origin est sorti le 2 septembre aux éditions Pika.
Clem Mp