Le duo de l’animation française – constitué d’Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli – est de retour au cinéma avec son dernier long-métrage : Nina et le secret du hérisson. Un polar résolument tourné vers la jeunesse qui transforme deux enfants de 10 ans en braqueurs de haut vol !
Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli travaillent ensemble depuis de nombreuses années. Après plusieurs courts-métrages, ils réalisent en 2010 Une vie de chat et Phantom Boy cinq ans plus tard. Résolument tournés vers un genre cinématographique précis, ils font du polar leur marque de fabrique, mettant en scène des enfants qui luttent face à des gangsters et qui cherchent à faire valoir leur volonté. Nina et le secret du hérisson suit cette même mouvance tout en introduisant de nouvelles thématiques et personnages.
Une évasion dans l’imaginaire ?
Tous les soirs, Nina écoute avec attention les histoires que lui conte son père Vincent. De sa voix et de ses dessins naissent des personnages qui envahissent l’imaginaire de cette jeune fille, à l’instar d’un petit hérisson noir. Mais, un soir, un événement inattendu trouble ce moment de partage : son père refuse de lui raconter une nouvelle aventure, trop préoccupé par son travail.
D’un seul coup, Nina se retrouve projetée dans le monde des adultes et dans des problématiques qui devraient la dépasser. C’est pourtant avec beaucoup d’inventivité et de courage qu’elle décide d’aider son père en élaborant avec l’aide de son meilleur ami Mehdi un braquage.
“Cette histoire parle de la façon dont les enfants sont affecté·es par les difficultés que vivent leurs parents. Elle aborde aussi leur rapport à l’actualité, aux événements qu’ils ne peuvent pas comprendre et qui bouleversent leur vie.” Alain Gagnol
En choisissant de confronter l’univers de Nina à celui des parents, les réalisateurs créent une double réalité. Un dialogue se met ainsi en place entre l’imaginaire de l’enfant et la réalité brute qui l’entoure. Portée par sa créativité, Nina développe une pensée optimiste : dans sa vision du monde, il est possible de rétablir la justice et de réaliser l’impossible.
Un film de braquage
Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli possèdent cette capacité de fusionner thriller et film d’animation pour enfants. Toutes les caractéristiques du film de braquage se rejoignent autour d’un récit rempli de péripéties. Le rythme ne tarit jamais, le suspense est à son comble, on est emporté dans cet enchaînement d’actions et contre-coups. Mais, en même temps, l’histoire prend le temps de se développer. On apprend doucement à connaître les personnages et leur personnalité. Nina et Mehdi se construisent en opposition – la première est active et énergique, le second bien plus calme et raisonnable – et se nourrissent l’un l’autre. Ils forment un duo intrépide et vivant capable de tout !
De nombreuses scènes rappellent l’esthétique de films noirs hollywoodiens, dont les réalisateurs tirent une partie de leur inspiration. La composition du cadre, les jeux d’ombre et de lumière créent une atmosphère inquiétante qu’accentue la présence constante du gangster et de son chien, continuellement aux aguets. Une partie des effets est rendue possible grâce aux choix des réalisateurs de se tourner vers une nouvelle forme d’animation.
Entre animation numérique et traditionnelle
Habitué à l’animation traditionnelle, Jean-Loup Felicioli délaisse cette fois-ci les craies et le dessin manuel et se tourne vers la tablette graphique numérique. Ce choix lui permet d’étayer un langage visuel déjà très riche. Il crée ainsi trois univers centraux au récit, propre à son esthétique : la maison, l’usine et la forêt. Ce dernier lieu est peuplé d’une nature foisonnante aux couleurs variées et aux nombreux détails. Un décor bucolique que parcourent Nina et Mehdi.
A cette animation numérique se mêle tradition, représentée par un personnage : le hérisson. Née d’une feuille de papier, cette petite bête noire se matérialise à l’écran dans une esthétique propre aux premiers cartoons, rappelant le Mickey Mouse des années 1930. Ce personnage toujours optimiste rappelle à Nina son besoin de s’évader et l’étroite relation qu’elle a avec son père.
Le travail approfondi de la musique et des voix
La beauté de l’animation s’associe d’un travail approfondi des voix et de la musique. Les doublages confèrent profondeur et présence aux personnages. Grâce à Audrey Tautou (Camille), Guillaume Canet (Vincent), Guillaume Bats (le hérisson), Loan Longchamp (Nina) et Keanu Peyran (Mehdi), ils prennent vie.
La musique, composée par Serge Besset – étroit collaborateur des deux réalisateurs depuis leur début – accentue cet effet de réalité. Les choix musicaux subliment les émotions et les actions. Les compositions jazz fusionnent avec les images, nous emportant dans un tourbillon de trompettes et saxophones.
Nina et le secret du hérisson est un magnifique film d’animation pour enfants, un casse d’une grande ingéniosité !
Nina et le secret du hérisson est à découvrir au cinéma depuis le 11 octobre 2023 !
Avis
Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli réalisent un magnifique film d'animation français. Nina et le secret du hérisson nous emmène à la rencontre de personnages profonds qui évoluent au sein d'une esthétique singulière. Un film de braquage réussi, qui rappelle indéniablement Une vie de chat et Phantom Boy.