Moonfall voit Roland Emmerich revenir à ses premières amours pour la destruction massive. Pour un film qui possède tous les défauts du réalisateur, sans les avantages.
Moonfall semble sonner comme l’heure du rendez-vous crucial pour Roland Emmerich. Cinéaste adulé dans les années 90 pour Stargate et Independance Day, le début des années 2000 sonna cependant comme le début de la chute, après les derniers succès notables du Jour d’après et de 2012. Alignant les échecs cuisants au box-office depuis Anonymous, et dernièrement Midway, ce Moonfall a ainsi des airs de super-compilation des motifs inhérents au cinéaste, qui revient malheureusement pour le pire, au niveau critique comme public, le film étant déjà un four au box-office américain.
NADA
Moonfall aurait pu et dû s’accompagner des adjectifs normalement utilisés pour qualifier le cinéma de Roland Emmerich. Plaisir coupable, fun, jouissif, bête mais amusant, toutes ces petites émotions souvent alliées au cinéma à grand spectacle dans lequel le spectateur entre dans la salle en laissant volontiers son cerveau de côté pour en prendre plein la vue et les oreilles. Malheureusement, et malgré son pitch aussi minimaliste qu’alléchant, il n’en est rien avec ce Moonfall qui cultive l’ennui et une bêtise ici plus navrante qu’amusante. Deux anciens astronautes (Halle Berry et Patrick Wilson) s’allient ici avec un théoricien complotiste (John Bradley-West) pour tenter de sauver la planète d’une collision avec la Lune.
De cette promesse, Roland Emmerich en tire ainsi le pire de son cinéma. Se prenant affreusement et lourdement au sérieux dans la peinture de ses trop nombreux personnages, abordant pêle-mêle clichés sur clichés sur le manque de confiance et d’estime en soi et les relations familiales compliquées, le film catastrophe en oublie ainsi longtemps de nous en mettre plein la vue, nous réservant le spectacle tant attendu lors d’un dernier tiers malheureusement écrasé par la bêtise du scénario. Moonfall est ainsi aussi ennuyeux que navrant, écrasé sous les projets pharaoniques de son metteur en scène, s’imaginant ici sûrement débuter une nouvelle franchise.
Grosse fusée pour pétard mouillé
Moonfall rejoint ainsi les ambitions minérales mais ratées d’un certain Monster-Verse, qui jusque dans son duel tant attendu entre King-Kong et Godzilla se prenait les pieds dans le tapis d’un scénario bien trop gros pour une promesse de gros spectacle pyrotechnique. Parce qu’outre de répétitives inondations et l’observation trop creusée de personnages finalement plus débiles les uns que les autres, le scénario de Spenser Cohen, Roland Emmerich et Harald Kloser (fidèle du cinéaste depuis le très bon Le Jour d’après) passe son temps, comme cette fameuse Lune, à perpétuellement dévier de sa trajectoire.
Comme si par des ambitions démesurées, Roland Emmerich délaissait son rôle de technicien accompli du film-catastrophe pour se muer en grand architecte d’un nouvel univers, aux fondations aussi idiotes que navrantes. Si seulement le film avait tenu sa promesse, on aurait ainsi pu imaginer quel spectacle, aussi bête mais jouissif soit-il, aurait pu nous offrir Moonfall, délesté de ses envies dantesques pour un film qui n’en demandait pas tant. Le film de Roland Emmerich laisse ainsi la vilaine impression d’une gigantesque blague, aussi vide qu’éreintante, d’un cinéaste ici cantonné, une fois de plus, aux étalages DVD de productions bas de gamme.