Quand un écrivain en panne d’inspiration croise la route d’un inconnu amnésique, cela donne une enquête littéraire entre Paris et Chambord, en passant par la Bourgogne, où l’art flirte avec l’espionnage. François Cortial nous embarque dans une aventure où la sœur cachée de La Joconde, la mystérieuse Mona Vanna, devient le pivot d’un récit mêlant fiction et réalité.
Mona Vanna se passe en avril 1981, dans le 6e arrondissement de Paris. Un homme sans mémoire est retrouvé sur un banc, une vieille photo en poche où il pose, plus jeune, devant un café nommé Le Café du Loup. Au dos, une annotation manuscrite: Casablanca, et un ticket froissé au nom du même établissement. Le lendemain, Paul Moreuil, écrivain en quête de renouveau, découvre cette histoire dans un journal. Intrigué, il y voit la trame de son prochain roman.
François Cortial : l’écrivain voyageur
Né en 1959 en région parisienne, François Cortial est un amoureux des lettres et des vieilles voitures. Après une carrière bien remplie, il se consacre à l’écriture, mêlant faits historiques et fiction. Mona Vanna est son quatrième roman depuis 2020, publié aux éditions Les Trois Colonnes.

Entre réalité et invention
Le roman navigue habilement entre les époques. Paul Moreuil, en s’inspirant de l’amnésique, crée le personnage de Jules Crémieux, un homme chargé de transporter des œuvres d’art pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi elles, la Mona Vanna, une version nue de La Joconde, qui aurait été cachée pour échapper aux nazis. Pourtant, quand il la découvre, c’est le coup de foudre et il décide de la garder pour lui…
La Joconde, voyageuse malgré elle
Peinte au début du XVIe siècle par Léonard de Vinci, La Joconde quitte l’Italie en 1516, dans les bagages du maître invité par François Ier. Devenue joyau des collections royales françaises, elle rejoint plus tard les murs du Louvre, où elle connaît une vie mouvementée.
Le 21 août 1911, elle disparaît. D’abord, personne ne s’inquiète : on pense qu’elle a été déplacée pour des photos. Ce n’est que le lendemain qu’un peintre, Louis Béroud, signale l’absence du tableau, précipitant la fermeture du musée pour enquête.
Le coupable ? Un certain Vincenzo Peruggia, vitrier italien ayant travaillé au Louvre. Il planque la Joconde sous sa blouse et sort du musée, aussi tranquillement qu’un client quittant un supermarché. Motivé par un élan (mal) documenté de patriotisme, il croit rendre à l’Italie un bien volé — alors qu’en réalité, le tableau était arrivé en France trois siècles avant Napoléon.
Après deux ans à dormir avec elle sous son lit, Peruggia tente de la revendre à Florence. Mauvais plan : il est dénoncé, arrêté, et La Joconde fait un petit tour triomphal en Italie avant de rentrer sagement au Louvre en 1914, auréolée d’une gloire médiatique… qui ne la quittera plus jamais.
Mona Vanna : la sœur oubliée
Dans l’ombre du sourire le plus célèbre du monde, une autre femme, tout aussi mystérieuse, attend son heure : Mona Vanna. Nus bras croisés, regard équivoque, elle est parfois présentée comme la « Joconde nue » — une sœur cachée, plus sensuelle que sage.
Longtemps reléguée au rang de rumeur artistique, Mona Vanna existe pourtant bel et bien. Ce tableau, conservé à Chantilly, est attribué à l’atelier de Léonard de Vinci, voire à Salai, son élève et peut-être plus encore.
Des analyses techniques révèlent une main experte, des dessins préparatoires proches de ceux de Léonard, et une composition étrangement familière. On murmure qu’il s’agissait d’un projet parallèle, ou d’un jeu d’atelier. On se croirait presque dans un nouveau volet de la saga de Robert Langdon incarnée par Tom Hanks au cinéma. Giorgio Vasari, le biographe de la Renaissance, évoquait déjà une « Joconde nue » dans ses écrits.
Aujourd’hui encore, son origine fait débat. Mais une chose est sûre : avec Mona Vanna, l’histoire de l’art prend un tournant romanesque, où réalité et fantasmes se mêlent avec autant de finesse qu’un sfumato florentin.

Thèmes abordés : art, mémoire et passion
Entre cette toile sulfureuse et les silences de l’Histoire, François Cortial tisse une trame où l’art devient le miroir des tourments intimes… et des petits arrangements avec la vérité.
Mona Vanna explore les méandres de la mémoire, les secrets de l’histoire de l’art et les tourments de la création littéraire. Paul Moreuil, en quête d’inspiration, se retrouve confronté à ses propres démons, entre passion naissante et culpabilité. Le roman questionne également la place de l’art dans notre mémoire collective.
François Cortial – Mona Vanna, éditions Les Trois Colonnes, 236 pages, paru en avril 2025.

Avis
François Cortial signe un roman original, mêlant habilement fiction et réalité. L’intrigue est bien construite, et l’idée de la Mona Vanna comme sœur cachée de La Joconde est séduisante. Cependant, le style d’écriture manque parfois de fluidité, et certains passages auraient gagné à être plus approfondis. Une lecture agréable, sans être inoubliable.